Thaye Dorje, 33 ans, a été désigné dès son enfance comme la réincarnation du Karmapa Lama, leader spirituel d'une des quatre branche du bouddhisme tibétain, le kagyupa. C'est en Inde, où il a fui avec sa famille en 1994, qu'il a épousé en mars Rinchen Yangzom, 36 ans, née au Bhoutan.
"Pour être honnête, au tout début, j'ai ressenti une sorte d'angoisse" à être marié, "et puis, finalement, c'est comme si rien n'avait changé", a expliqué le jeune époux depuis le centre d'études bouddhistes de Montchardon, sur les flancs du massif du Vercors (Isère) où il séjournait lors de la partie française d'une tournée européenne.
"Cela m'emplit le coeur de joie et, comme c'est toujours le cas, cette joie rejaillit à l'extérieur", a poursuivi le maître.
Sur un plan plus "profond", le 17e karmapa assure que cette union, annoncée une fois célébrée dans l'intimité à Delhi, "sera bénéfique pour la lignée" de maîtres réincarnés dans laquelle il s'inscrit.
Aimer simplement
L'amour en tibétain "ne couvre pas tout à fait la même chose que dans le vocable occidental", relève Thaye Dorje: "l'amour que je connais est basé sur la mentalité tibétaine et bouddhiste". "Il représente le respect, un authentique souci de l'autre", un "attachement", sans qu'intervienne "la notion de genre". "On prend soin de l'autre; on aime simplement".
Si se marier reste rare pour un lama, cela a déjà été le cas dans le passé pour les 10e et 15e Karmapa. Cela implique le renoncement aux voeux monastiques mais n'empêche pas d'enseigner.
Interrogé sur une possible implication dans la vie politique, alors que le Dalaï Lama est de plus en plus en retrait, le Tibétain rappelle que, du fait de ses années passées en monastère, "il n'avait pas eu à envisager d'endosser une quelconque responsabilité d'ordre politique".
Revenu à la vie civile, il s'en remet aux enseignements du Bouddha sur "la pratique de la compassion et de la sagesse" pour ne pas avoir "dans le futur, à porter ce type de responsabilités".
Inspirant
Alors que le titre de 17e Karmapa lui est disputé par deux autres prétendants, dont Orgyen Trinley, adoubé par le Dalai Lama, chef de la principale branche du bouddhisme tibétain, Thaye Dorje refuse d'alimenter le débat.
"Tout est changement dans la vie" et les aléas sont "inévitables", souligne-t-il.
Pour des pratiquants français rencontrés lors de ses enseignements, ce mariage "ne change rien" à leur lien avec le maître tibétain, ni "à la qualité de ses enseignements".
Pour Robert Ducassou, 58 ans, c'est "même très inspirant" de voir "ce jeune homme" arriver sur la scène occidentale "en disant +je me marie+ car 99% des gens ici sont mariés ou laïcs. C'est très actuel!".
Ludovic Hardy, 26 ans, se réjouit pour sa part d'une union qui vient "casser" les idées reçues sur ce que serait un bouddhiste "moine ou yogi dans une grotte". "Cela nous ramène à l'importance de l'état d'esprit et aux qualités de bienveillance, plutôt que de se focaliser sur des aspects extérieurs".
Décidément inscrit dans son temps, c'est sur Facebook que Thaye Dorje, tout récemment arrivé en Espagne, a réagi vendredi aux attentats terroristes en Catalogne, appelant à "prier ensemble" pour les victimes et leurs familles, ce qui constituera en soi "une source d'espoir".
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