Contempteur virulent de "l'establishment" et des "élites", l'ancien patron du très droitier site Breitbart News, n'aura tenu qu'un peu plus de six mois dans la West Wing.
Ce départ permet à Donald Trump d'envoyer un message aux ténors de son gouvernement et aux nombreux élus républicains exaspérés par les orientations - et les provocations - de cet homme de 63 ans à la démarche nonchalante qui promettait l'avènement d'un "nouvel ordre politique".
Mais il suscite aussi une myriade d'interrogations sur le rôle que ce dernier entend désormais jouer en dehors de la Maison Blanche.
A Washington, nombre observateurs pointent déjà du doigt le pouvoir de nuisance de celui qui fut un personnage central de la campagne atypique - et couronnée de succès - de Donald Trump.
"Le secrétaire général de la Maison Blanche John Kelly et Steve Bannon se sont mis d'accord sur le fait qu'aujourd'hui serait le dernier jour de Steve", a annoncé Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de la Maison Blanche.
L'annonce - sèche - de ce départ, intervient à un moment particulièrement difficile pour Donald Trump empêtré dans la polémique sur ses propos après les violences de Charlottesville, lorsqu'il a affirmé que les torts se trouvaient des deux côtés, renvoyant dos à dos suprémacistes blancs et manifestants venus dénoncer ces derniers.
'Pas un raciste'
En début de semaine, le président septuagénaire, qui aime distribuer les bons et les mauvais points comme dans une émission de téléréalité, avait déjà laissé entendre que son conseiller était en mauvaise posture.
S'il l'avait loué en apparences - "J'aime bien M. Bannon, c'est un ami (...) C'est quelqu'un de bien, pas un raciste" - il avait aussi rappelé qu'il était arrivé "tard" dans son équipe.
"Nous verrons ce qui arrivera à M. Bannon", avait-il lancé, menaçant, donnant corps aux articles évoquant son extrême irritation face aux fuites organisées par son conseiller pour nuire aux factions rivales au sein de la Maison Blanche.
"Le licenciement de Steve Bannon est bienvenu, mais il ne peut cacher le positionnement du président Trump lui-même sur ls suprémacistes blancs et l'intolérance qu'ils prônent", a réagi Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants.
Après le départ de Sean Spicer et de Reince Priebus, respectivement porte-parole et secrétaire général de la Maison Blanche, celui de Steve Bannon complète le renouvellement en profondeur de l'équipe qui s'était installée au 1600 Pennsylvania avenue le 20 janvier.
Il permet en particulier à John Kelly, général à la retraite des Marines qui avait succédé à M. Priebus, d'affirmer un peu plus son pouvoir dans une équipe où règne un indéniable chaos.
Ancien banquier d'affaires chez Goldman Sachs, Steve Bannon avait mis le site internet qu'il dirigeait au service de l'une des mouvances de l'extrême droite américaine se présentant sous le nom d'alt-right.
Plutôt discret dans les médias, il avait pris une fois la parole pour dénoncer, avec une virulence inouïe... les médias, jugeant, dans un entretien au New York Times, que ces derniers devraient se sentir "humiliés". Et se taire.
"Je veux que vous me citiez là-dessus", avait-il lancé, content de son effet: "Les médias ici sont le parti d'opposition. Ils ne comprennent pas ce pays".
Son départ a suscité la déception de...Nigel Farage, ancien leader de l'Ukip et grand artisan de la victoire du Brexit lors du référendum sur l'UE de juin 2016.
"Vraiment désolé de voir mon ami Steve Bannon partir. Son intelligence politique sera difficile à remplacer", a-t-il tweeté.
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