Le marché d'antiquités, présenté comme le plus important au monde, goûte peu la mauvaise publicité, de nature à faire fuir la clientèle étrangère.
Mais les langues se délient depuis une agression à coups de machette qui a fait deux blessés le 9 juillet. "Paroxysme" d'une situation qui pourrissait depuis l'arrivée ces derniers mois de voleurs violents, selon des marchands qui taisent leur nom.
"Je ne suis pas du genre à dire +ça va casser l'image+. Je préfère qu'on dise qu'il y a un problème et qu'on le règle", avance un restaurateur.
"Ce n'est pas normal de laisser des petits voyous sévir en toute impunité si près de Paris, alors qu'on attend les JO en 2024", poursuit-il.
Selon lui, une "bande d'une vingtaine de pickpockets" visant indifféremment "riches, pauvres, vieux" a mis "en coupe réglée" le quartier autour de la rue Lécuyer.
Les voleurs se fondent dans la foule qui arpente cette périphérie des marchés huppés, où les étals autorisés cohabitent déjà difficilement avec les "biffins" - vendeurs d'objets récupérés dans les poubelles.
"On est tout le temps menacés, sur le qui-vive", relate un autre commerçant, qui perd des clients "car l'ambiance se dégrade". "Des marchands", concède-t-il, "sont tentés de s'occuper eux-mêmes des voleurs."
D'après de premiers éléments, trois pickpockets, toujours recherchés, sont à l'origine de l'agression du 9 juillet, pour se venger d'un homme du quartier qui les avait forcés à restituer un téléphone portable.
"Il a fallu une agression très violente" pour que la police prenne "conscience du problème", regrette le restaurateur.
Depuis le 18 juillet, la préfecture de police (PP) de Paris a mis en place un "dispositif de sécurisation" des Puces, pensé pour améliorer la coordination des forces de l'ordre sur ce secteur à cheval entre Paris et la Seine-Saint-Denis.
Sollicitée, la PP n'a pas communiqué le nombre d'incidents recensés.
'Joyau' à préserver
Des commerçants apprécient de voir davantage d'uniformes, mais moins que certains évoquent l'insécurité. "Faut pas en parler !" presse une antiquaire, arguant que les attentats qui ont frappé la France depuis janvier 2015 ont déjà durement entamé le chiffre d'affaires. "On défend notre bifteck", justifie-t-elle.
Les habitués soupirent que les vols font partie du décor depuis la naissance des Puces à la fin du XIXe siècle.
Cette réputation est généralement connue des touristes qui s'aventurent au-delà du périphérique nord agrippés à leur sac.
Pour y accéder, ils doivent louvoyer entre les vendeurs à la sauvette et les marchands de survêts. En quelques pas, ils glissent d'un monde à l'autre : ruelles bordées de brocanteurs, bric-à-brac, concerts de jazz manouche, terrasses où il fait bon être vu, marchés haut de gamme attirant personnalités et riches étrangers.
Le tout sur une parcelle de la populaire Seine-Saint-Denis qui s'éveille du samedi au lundi, jours d'ouverture au public.
Cette atmosphère à la fois chic et interlope vaut aux Puces d'être classées comme "zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager".
Elle attire quelque trois millions de visiteurs par an, selon le président de l'association Marchés aux puces (MAP) Hugues Cornière, par ailleurs conseiller municipal délégué aux Puces.
La ville, dit-il, entend préserver l'intégralité de ce "joyau".
"On fait de notre mieux avec des moyens contraints, assure-t-il. Le maire est un ancien Pucier (marchand des Puces), je suis Pucier, on ne s'est pas dit qu'on allait laisser tomber la rue Lécuyer" au profit des secteurs branchés. Ceux-là ont engagé leurs propres vigiles.
A LIRE AUSSI.
Près de 700 paires de chaussures contrefaites saisies
Libye: une imposante cité romaine protégée par des volontaires
Une "Pompéi viennoise" découverte au bord du Rhône
Espagne: Rajoy entendu comme témoin dans un procès pour corruption
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.