D'abord, un constat. Un coup d'oeil dans le rétro suffit pour comprendre que la présence des Françaises dans le dernier carré mondial tient plus de la tradition que de l'exploit: de toutes les éditions, elles n'ont échoué qu'une seule fois avant ce stade, en 1998.
Les autres fois (1991, 1994, 2002, 2006, 2010, 2014), les Bleues se sont arrêtées aux portes de la finale. Six demies pour aucun titre: une régularité dans l'échec qui masque la progression à tous niveaux du rugby féminin en France.
Comment pourrait-il en être autrement cette fois face à l'Angleterre, vainqueur en 2014 et qui a réussi le Grand Chelem dans le Tournoi des six nations l'hiver dernier?
Parce que la France a de sérieux arguments à faire valoir après une phase de poules rondement menée, à la hauteur des deux grands favoris, Angleterre et Nouvelle-Zélande.
Gare à l'indiscipline
Certes, les coéquipières de Gaëlle Mignot ont montré des premiers signes de relâchement, sans conséquence, mercredi soir face à l'Irlande (21-5), une fois leurs trois essais inscrits en une demi-heure chrono.
Les passes sur les ailes sont devenues plus hasardeuses, et plusieurs occasions d'essai gâchées, par excès de facilité ou mauvais choix, ont valu un début de colère de l'entraîneur Samuel Cherouk.
La deuxième période n'a pas eu le faste de la première: acculées en défense, les Françaises ont subi le sursaut d'orgueil irlandais, récompensé à la sirène par un essai pour l'honneur.
Plus grave, elles ont été beaucoup sanctionnées par l'arbitre en protégeant leur ligne. La deuxième ligne Lenaïg Corson, exclue dix minutes, a ainsi frôlé le rouge. Une indiscipline qui pourrait être fatale face aux Anglaises.
Mais les statistiques montrent la réelle force de l'équipe de France, reine des courses (551 m parcourus contre 255 pour l'Irlande), des percées (13 contre 2) et des passes après contact (18 contre 3), face au rival N.1 de la poule qui évoluait devant son public et avait terminé 2e du Tournoi en battant notamment la France (13-10).
Toutes en mouvement
Ce véritable quart de finale, les Françaises l'ont attaqué en trombe, comme elles l'avaient fait contre le Japon (72-14) et l'Australie (48-0), et leur supériorité athlétique et technique fut criante lors d'un premier quart d'heure à sens unique (deux essais et 96% de possession...).
Les effets d'une préparation physique individualisée et de deux mois de vie commune payent: quand ce ne sont pas les arrières (Shannon Izar, Elodie Poublan, Chloé Pelle, Montserrat Amédée) qui lancent des sprints ravageurs, les avants (Romane Ménager, Safi N'Diaye et Corson, encore excellentes hier) les imitent.
Même les piliers! La poussée de Julie Duval a été décisive sur le 3e essai (29e), un bijou: chistera de Poublan pour Belle, offload royal de N'Diaye pour Duval qui gagne 15 m avant d'offrir la conclusion à la centre Caroline Ladagnous.
Avec un jeu au large d'une grande justesse, les Bleues respirent la sérénité. Et que dire de la défense! D'abord intelligente, avec la décision de ne pas lutter sur les touches irlandaises, elle fut ensuite acharnée. A l'image de N'Diaye, dont l'abattage devant sa ligne d'en-but est à montrer en exemple.
Comme les autres, la N.8 n'a que cinq jours pour récupérer de cette débauche d'énergie défensive. L'inquiétude concerne surtout Romane Ménager, touchée à la cuisse et remplacée peu après la pause. La puissance de la flanker sera un atout majeur pour faire douter les Anglaises.
A LIRE AUSSI.
Rugby: les Bleues assurent face à l'Irlande au Mondial
Six nations: les Bleus se rassurent à mi-temps à Rome
Six nations: méfiance, patience, avance, les clés d'Italie-France
Six nations: un bilan à marquer au fer rouge pour basculer dans le vert
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.