Cette guerre extrêmement meurtrière a opposé les Etats du Nord dirigés par Abraham Lincoln ("l'Union"), et les Etats confédérés d'Amérique ("la Confédération") menés par Jefferson Davis, qui firent sécession.
Près d'un siècle sépare la déclaration d'indépendance qui a fondé les Etats-Unis d'Amérique, le 4 juillet 1776, et ce conflit civil qui a déchiré la nation, principalement autour de la question de l'esclavage, de 1861 à 1865.
Entre ces deux événements, douze présidents ont possédé des esclaves, dont le premier, George Washington, et le troisième, Thomas Jefferson.
L'argument de M. Trump est simple: si on estime légitime aujourd'hui de déboulonner les statues des généraux sudistes ayant défendu l'esclavage, comme Robert Lee ou Stonewall Jackson, alors il faut aussi abattre celles de MM. Washington et Jefferson.
Mais cette opinion tient mal la route, d'abord pour la raison pour laquelle sont honorés ces hommes. Très schématiquement, les premiers ont créé la nation, les seconds l'ont trahie. Petits rappels historiques:
Washington et Jefferson, les Pères fondateurs
George Washington (1732-1799), qui a donné son nom à la capitale fédérale et dont l'effigie figure sur le dollar, doit son aura à son engagement dans la révolution et au fait qu'il a mené les troupes américaines à la victoire contre la Grande-Bretagne. Il a marqué de son empreinte la Constitution des Etats-Unis et de nombreuses autres institutions américaines.
Homme des Lumières, père de la déclaration d'indépendance affirmant l'égalité entre les citoyens, Thomas Jefferson (1743-1826) est honoré pour son esprit de tolérance et son positionnement en faveur de la liberté religieuse. Il est crédité d'avoir doublé la superficie du pays en rachetant la Louisiane et d'avoir défendu les intérêts commerciaux des Etats-Unis.
Bien sûr, la possession d'esclaves par ces deux figures historiques est aujourd'hui considérée comme une tache indélébile sur leur bilan. Mais celle-ci n'empêche pas qu'ils soient célébrés pour leurs contributions, ces dernières étant estimées avoir permis les fondations d'une Amérique qui deviendra plus juste.
Lee et Jackson, les militaires sécessionnistes
Même si elle plonge ses racines dans une opposition ancienne entre un Nord-Est protectionniste et en voie d'industrialisation et un Sud libre-échangiste et aux plantations économiquement puissantes grâce à leur main-d'oeuvre captive, la Guerre de Sécession est précipitée par l'élection à la Maison Blanche en 1860 d'Abraham Lincoln, candidat républicain profondément opposé à l'esclavage.
Cette victoire est vécue comme un casus belli par la Caroline du Sud qui fait "sécession", suivie dès janvier 1861 par le Mississippi, la Floride, l'Alabama, la Géorgie, le Texas et la Louisiane. Ces Etats confédérés d'Amérique seront ensuite rejoints par la Virginie, l'Arkansas, la Caroline du Nord et le Tennessee.
Les troupes sudistes ouvrirent les hostilités, en avril 1861, à Fort Sumter, défendant la ville de Charleston. Les combats les plus sanglants se sont déroulés autour des deux capitales d'un pays divisé, Washington et Richmond.
Robert Lee et Stonewall Jackson, connus pour être des tacticiens habiles, sont les deux personnalités les plus révérées dans le Sud parmi les officiers confédérés. Mais, pour beaucoup d'Américains, ils ont tout simplement choisi le mauvais camp, celui qui considérait les Noirs comme des créatures inférieures.
"Ils se sont tous les deux rendus coupables de trahison en prenant les armes contre un Etat dans l'armée duquel ils s'étaient engagés. Donc ce qui importe est la cause qu'ils défendaient", souligne l'historien Jim Grossman sur son compte Twitter.
En quatre ans, le conflit a fait quelque 620.000 morts, soit un coût bien plus lourd pour les Etats-Unis que les deux guerres mondiales réunies.
Devenu après-guerre une icône de la "Cause perdue" dans le Sud et ayant vu sa popularité grandir dans le Nord, Robert Lee reste bientôt 150 ans après sa mort une personnalité clivante en Amérique, contrairement à Washington ou Jefferson.
"Robert Lee a de nombreux admirateurs dans le Sud, en partie car l'éducation là-bas l'a dépeint comme un noble chevalier qui a oeuvré durement après la guerre en faveur de la réconciliation", a expliqué à l'AFP Kristin Szakos, une des cinq élus du conseil municipal de Charlottesville, où la décision de retirer une statue équestre du général en a fait un point de ralliement de l'extrême droite.
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