En trois tweets, le président américain a pris position de manière tranchée dans ce débat sensible qui a refait surface après les violences de Virginie où des suprémacistes blancs s'étaient initialement rassemblés pour protester contre le retrait d'une statue d'un général sudiste.
Nombre d'Américains voient dans ces monuments en hommage à la confédération d'Etats du sud, qui a déclenché la guerre civile notamment pour défendre l'esclavage, la célébration d'un passé raciste. D'autres estiment que les enlever revient à effacer un pan de l'histoire américaine. Les suprémacistes blancs, eux, en ont fait leur cheval de bataille.
Au-delà du débat de fond, les termes utilisés par le président américain et le moment choisi contribueront à alimenter les critiques de ceux qui, au sein-même de son propre camp, s'indignent de ses signaux appuyés et répétés aux groupuscules de l'extrême droite.
"Triste de voir l'histoire et la culture de notre grand pays mises en pièces par le retrait de nos magnifiques statues et monuments", a tweeté Donald Trump, jugeant que c'était "stupide".
"La beauté qui est retirée de nos villes et de nos parcs nous manquera terriblement et ne pourra jamais être remplacée!", a-t-il ajouté, sans jamais utiliser le mot "confédéré".
Selon un récent rapport du Southern Poverty Law Center (SPLC), spécialisé dans les mouvements extrémistes et les droits civiques, plus de 1.500 symboles confédérés demeurent encore dans l'espace public aux Etats-Unis, la plupart dans le sud. Ce chiffre inclut plus d'une centaine d'écoles publiques.
"Et Thomas Jefferson?"
Mardi, lors d'une conférence de presse houleuse depuis la Trump Tower à New York, M. Trump avait déjà semblé donner raison aux défenseurs de ces monuments, même s'il n'était pas allé aussi loin.
"George Washington possédait des esclaves (...). Est-ce qu'on va enlever ses statues? Et Thomas Jefferson ? Est-ce qu'on va enlever ses statues ? Il possédait beaucoup d'esclaves", avait-il déclaré, en référence aux premier et troisième présidents des Etats-Unis, tous deux morts bien avant la guerre de Sécession (1861-1865).
Plusieurs statues ont été retirées ces derniers jours, notamment dans le sud où il n'est pas rare de voir encore flotter des drapeaux confédérés.
La controverse autour de ces drapeaux avait été ravivée en juin 2015, après l'assassinat de neuf Noirs dans une église de Caroline du Sud par un suprémaciste blanc qui aimait poser avec. Un mois plus tard, cet Etat du sud-est décidait d'enlever ce drapeau de son parlement.
Lors d'un hommage au pasteur noir abattu, le prédécesseur de Donald Trump, Barack Obama avait appelé l'Amérique à reconnaître que ces symboles allaient au-delà du simple souvenir historique et qu'il était en temps de changer d'attitude.
"Pendant trop longtemps, nous avons été aveugles face à la douleur que ce drapeau confédéré causait dans de trop nombreuses villes", avait-il lancé. Le retirer, c'est "reconnaître que la cause pour laquelle les soldats confédérés se sont battus, la cause de l'esclavage, n'était pas la bonne", avait-il ajouté.
Bannon donne de la voix
Face au malaise suscité par ses propos sur Charlottesville (il a assuré que la responsabilité des violences était à rechercher non seulement chez les militants d'extrême droite mais aussi chez les contre-manifestants), l'actuel locataire de la Maison Blanche s'en est aussi pris jeudi à sa cible favorite: les journalistes.
"Le public apprend (encore davantage) combien les médias Fake News sont malhonnêtes. Ils ont totalement déformé ce que j'ai dit sur la haine, le sectarisme, etc. Honte!", a-t-il tweeté au petit matin.
Dans un climat particulièrement tendu au sein de l'équipe présidentielle, Steve Bannon, le très controversé conseiller stratégique de Donald Trump, a fait de nouveau parler de lui, en livrant sa vision du monde au site American Prospect, clairement marqué à gauche.
"Nous verrons ce qui arrivera à M. Bannon", avait lâché il y a quelques jours M. Trump interrogé sur le sort de celui qui fut l'un de ses plus influents conseillers en tout début de mandat.
De l'autre côté de l'Atlantique, le président français Emmanuel Macron s'est gardé de commenter directement les prises de position de son homologue américain, mais s'est dit "aux côtés de ceux qui combattent le racisme et la xénophobie". "Notre combat commun, hier comme aujourd'hui. #Charlottesville”.
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