Le Royaume-Uni prévoit de quitter le marché unique et l'union douanière européenne lorsque le pays sortira de l'Union européenne en mars 2019, mais il souhaite toutefois prolonger provisoirement cet accord douanier, qui permet aux marchandises de circuler librement, a souligné le ministère britannique chargé du Brexit mardi.
Cela permettrait au pays d'avoir "une transition en douceur" susceptible de rassurer le monde économique tout en permettant au pays de mettre en place de nouveaux accords douaniers, a-t-il ajouté à l'occasion de la parution mardi du premier d'une série de documents détaillant ses positions dans la négociation de l'accord de retrait.
Mais la Commission européenne a fraichement accueilli la démarche, répétant qu'avant toute négociation commerciale, il fallait avancer sur trois sujets prioritaires --le sort des citoyens européens, la facture de sortie, et la question de la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du nord.
"Plus vite le Royaume-Uni et l'UE à 27 s'accorderont sur les citoyens, le solde des comptes et l'Irlande, plus vite nous pouvons discuter douanes et relation future", a résumé sur Twitter le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier.
'Intérêt commun'
Le ministre britannique du Brexit, David Davis, a fait valoir sur la BBC qu'il était dans l'"intérêt commun" des deux parties d'avoir des relations commerciales "sans frictions". Mais un porte-parole de l'exécutif européen a relevé que ce n'était "pas possible (...) en dehors du marché unique et de l'union douanière".
"Nous pensons qu'il est plus sensé d'avoir une courte période durant laquelle nous maintenons les arrangements actuels", a expliqué M. Davis, précisant que cette période transitoire pourrait durer "quelque chose comme deux ans" et devrait en tout cas être achevée lors des prochaines élections législatives, prévues en 2022.
Mais contrairement à ce qui est le cas actuellement, où l'adhésion du pays à l'union douanière l'empêche de négocier des accords commerciaux bilatéraux avec des pays tiers, le gouvernement britannique compterait pendant cette période de transition pouvoir conclure de tels accords "à travers le monde", qui entreraient en vigueur à son expiration.
Les négocaitions de sortie doivent être conclues en mars 2019. Les experts estiment extrêmement difficile voire impossible de négocier un nouvel accord commercial entre le Royaume-Uni et l'UE d'ici là.
Londres a ébauché deux scénarios possibles pour sa future relation commerciale avec l'UE à l'issue de la période de transition. Soit une nouvelle version simplifiée de l'union actuelle, Soit l'application de tarifs douaniers propres au Royaume-Uni pour les biens importés de pays non UE, sans précision sur ceux appliqués sur les biens échangés entre le Royaume-Uni et l'UE.
'Fantasme
Pour le patronat britannique, la proposition du gouvernement est "encourageante". "Le temps passe et ce qui importe maintenant, c'est de donner aussi rapidement que possible aux entreprises la confiance nécessaire pour continuer à investir", a déclaré Josh Hardie, le directeur adjoint de la principale organisation d'employeurs, CBI.
Mais pour le député travailliste d'opposition Chris Leslie, membre du cercle de réflexion Open Britain, partisan d'un maintien dans l'UE, cette proposition d'union douanière temporaire n'est qu'un "voeu pieux".
"Il est fantaisiste de prétendre que nous pouvons avoir les échanges commerciaux les plus libres possible et sans conflit avec notre premier partenaire (l'UE, ndlr) alors que le gouvernement reste déterminé à sortir le Royaume-Uni de l'union douanière", a-t-il réagi.
L'eurodéputé belge Guy Verhofstadt a qualifié sur Twitter de "fantasme" cette volonté d'"être dedans et en dehors de l'union douanière" et d'avoir "des frontières invisibles".
Londres rendra publique mercredi sa position sur la frontière irlandaise, tandis qu'une nouvelle session de négociations est prévue fin août à Bruxelles.
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