Au son de la chanson "Yankee go home!" ("Les Américains, rentrez chez vous!"), les partisans du gouvernement, vêtus de rouge - la couleur traditionnel du chavisme, le courant au pouvoir -, étaient rassemblées face au palais présidentiel à Caracas, où le chef de l'Etat devait s'exprimer plus tard dans la journée.
"Nous allons continuer à manifester contre toute forme d'ingérence de l'impérialisme, qu'elle soit directe ou via ses alliés en Amérique latine. Nous exigeons le respect", a déclaré l'un des hauts dirigeants chavistes, Diosdado Cabello, dans la manifestation.
Des rassemblements de soutien au président étaient organisés dans d'autres villes du pays.
La tension entre Caracas et Washington est montée d'un cran depuis que le dirigeant américain a évoqué vendredi une possible "option militaire" pour résoudre la crise au Venezuela, où les manifestations anti-Maduro ont fait 125 morts en quatre mois, sur fond de naufrage économique du pays.
Sans évoquer de projet militaire, le vice-président américain Mike Pence a, lui, affirmé lundi que Washington ne laisserait pas le Venezuela se transformer en "Etat en faillite" qui mettrait en péril la sécurité de la région. "Nous ne resterons pas les bras croisés tandis que le Venezuela s'effondre", a mis en garde M. Pence lors d'un déplacement en Colombie, assurant toutefois que Washington souhaitait "une solution pacifique".
Des paroles qui alimentent l'idée du président socialiste d'une conspiration de "l'empire" américain pour le renverser avant la fin de son mandat en janvier 2019.
"Nous avons combattu toutes les tentatives de coup d'Etat, il faut que les Etats-Unis sachent que ce peuple est disposé à défendre par n'importe quelle voie sa souveraineté, si nécessaire par les armes", a lancé le ministre des Affaires étrangères, Jorge Arreaza.
'Un cadeau pour Maduro'
Entouré de chars et de centaines de soldats armés, le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez s'est exprimé devant la presse pour renouveler le soutien précieux de l'armée au président, dénonçant les menaces "délirantes" et "folles" de M. Trump.
"Apparemment toutes les voies ont été épuisées, toutes les méthodes de coup d'Etat en douceur, de manière indirecte ou via l'insurrection populaire, et l'empire nord-américain a tombé le masque pour prendre la voie directe de l'agression militaire", a-t-il déclaré.
Les déclarations du président américain "rendront plus difficile une action multilatérale au Venezuela. Cela donnera de la crédibilité à la théorie dénonçant les Etats-Unis comme une menace contre sa souveraineté, avec un projet d'invasion", note Michael Shafter, président du cercle de réflexion Dialogue inter-américain, à Washington.
"C'est absurde, mais ce sera utilisé politiquement par le gouvernement. C'est un cadeau pour Maduro", ajoute-t-il.
Pour Diego Moya-Ocampos, analyste du cabinet britannique IHS, cela "servira à ce que les hauts responsables civils et militaires de la frange radicale du gouvernement resserrent les rangs à court terme, sous le discours d'une possible menace extérieure".
'Les fusils à New York!'
Alors que M. Pence se trouvait en Colombie, le président colombien Juan Manuel Santos lui a directement demandé d'exclure une intervention militaire.
"Ni la Colombie, ni l'Amérique latine - depuis le sud du Rio Grande jusqu'à la Patagonie -, ne pourraient être d'accord" avec une telle intervention, a-t-il dit.
Cette option rappelle en effet de mauvais souvenirs dans une région où les actions militaires américaines ont été nombreuses au siècle dernier, la dernière date de 1989, quand les Etats-Unis avaient envahi le Panama pour déloger son président, Manuel Noriega.
Le Brésil, la Colombie, le Pérou, le Chili, le Mexique, l'Equateur et le Nicaragua ont tous rejeté samedi la perspective d'un recours à la force.
Même l'opposition, accusée par M. Maduro de faire le jeu de Washington, a dit refuser "la menace militaire de toute puissance étrangère".
Réunis au Parlement, les 545 membres de l'Assemblée constituante, décriée par l'opposition et une grande partie de la communauté internationale, se sont déclarés "prêts à tout" en cas d'intervention militaire américaine.
"Les fusils arriveraient à New York, monsieur Trump!", a lancé le fils du président, le Constituant Nicolas Maduro Guerra. "Les fusils arriveraient à la Maison Blanche!".
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