Nombre d'élus des deux bords posaient ouvertement la même question, sans avoir de réponse évidente: pourquoi le président des Etats-Unis n'a-t-il pas condamné nommément ces mouvements radicaux prônant la suprématie de la race blanche ?
Une femme de 32 ans est morte quand une voiture a foncé, volontairement selon des témoins, sur la foule de contre-manifestants venus dénoncer dans cette petite ville de Virginie la présence de groupuscules identitaires et néo-nazis, dont des membres du Ku Klux Klan (KKK).
Depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, le président a certes condamné la haine mais s'est contenté de renvoyer les deux camps dos à dos, pointant une "violence venant de diverses parties".
L'exécutif a tenté de rectifier le tir dimanche: les propos de Donald Trump incluaient "bien sûr" les suprémacistes blancs, le KKK et les néo-nazis, a déclaré un porte-parole (qui est cependant resté anonyme).
Mais le président n'a pas dit un mot sur ce thème.
Le silence était rendu encore plus saisissant par les propos de sa fille Ivanka qui a dénoncé sans ambages le racisme et les néo-nazis, estimant qu'ils avaient "pas de place" dans la société américaine.
Ambiguïté
Dès samedi soir, les détracteurs de M. Trump avaient effectué un rapprochement entre sa tiédeur après les violences de Charlottesville et l'ambiguïté qu'il cultive vis-à-vis de l'extrême droite depuis sa campagne.
Une bonne partie de la droite alternative, ou "Alt Right", a en effet soutenu Donald Trump dans sa course à la Maison Blanche, et celui-ci a, à plusieurs reprises, refusé de prendre clairement ses distances avec certains de ses groupes ou de ses leaders.
Nombre d'observateurs rappelaient aussi que le magnat de l'immobilier a, pendant des années, alimenté une théorie du complot sur le lieu de naissance de Barack Obama, avant de virer casaque brutalement durant la campagne.
Dans le camp républicain, les critiques - plus ou moins directes - ont fusé tout au long du week-end.
"Il faut nommer le mal", martelait le sénateur du Colorado Cory Gardner.
Son collègue de Floride, Marco Rubio, exprimait son souhait d'entendre le président "décrire les événements de Charlottesville pour ce qu'ils sont: une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs".
Occasion ratée
Pour nombre d'observateurs, Donald Trump a raté l'occasion d'adopter une posture plus présidentielle et de rassembler le pays dans un moment de crise.
L'enquête de la police fédérale devrait rapidement établir les motivations de James Fields, interpellé au volant de la voiture qui a percuté des militants antiracistes.
Cet homme de 20 ans a été photographié plus tôt samedi porteur d'un bouclier aux côtés de miliciens néo-nazis.
Le suspect, originaire de l'Ohio, a été inculpé de meurtre, de violences volontaires ayant causé des blessures et de délit de fuite. Il devrait être présenté à un juge lundi.
Les événements de Charlottesville vont être étudiés à l'aune d'une question centrale: par sa rhétorique, ses mesures ciblant les étrangers et ses appels répétés à donner la priorité à l'Amérique, le président Trump a-t-il enhardi de façon dangereuse les extrémistes de droite ?
Le maire de démocrate de Charlottesville, Michael Signer, a répondu par l'affirmative, jugeant que M. Trump avait contribué à créer un climat de "vulgarité, de cynisme et d'intimidation".
"Il a fait le choix durant sa campagne présidentielle (...) de jouer sur nos pires préjugés", a-t-il déclaré sur CBS. "Je pense que ce que ce qui s'est passé ce week-end a un lien direct avec ces choix".
Le 45e président des Etats-Unis a annoncé qu'il donnerait lundi une conférence de presse à Washington, où il doit faire un aller-retour dans le journée.
Si elle a lieu - la Maison Blanche n'avait pas confirmé sa tenue dimanche soir -, sa réaction face au drame de Charlottesville, tout comme sa posture sur la crise nord-coréenne, devraient figurer en bonne place.
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