Environ 28.500 soldats américains sont déployés en Corée du Sud pour défendre ce pays contre le Nord. Séoul n'a pas le droit de fabriquer ses propres armes nucléaires depuis la signature en 1974 d'un traité sur l'énergie atomique avec Washington, lequel le protège en retour avec son "parapluie nucléaire".
Mais Pyongyang menace régulièrement de transformer Séoul en "mer de flammes". Et les interrogations sur la volonté réelle de Washington de défendre Séoul au risque de mettre des villes américaines en danger se font de plus en plus lancinantes.
Les médias ont pris la tête d'une campagne pour demander aux autorités de changer leur fusil d'épaule.
La Corée du Sud est en pointe dans les domaines technologiques et les analystes estiment qu'elle pourrait mettre au point une bombe nucléaire quelques mois seulement après l'avoir décidé.
"Le temps est venu d'évaluer les armes nucléaires", écrit vendredi le Korea Herald dans un éditorial.
En juillet, Pyongyang a mené deux essais réussis de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), mettant une bonne partie du continent américain à sa portée.
Diatribes hostiles
"La confiance dans le parapluie américain peut être ébranlée", avertit le journal. Et d'appeler Washington à déployer des armes atomiques au Sud s'il ne veut pas voir Séoul se doter de son propre arsenal.
Après la guerre de Corée (1950-53), les Etats-Unis avaient déployé certains de leurs armements nucléaires au Sud mais les avaient retirés lorsque les deux Corées avaient fait la promesse conjointe en 1991 de parvenir à une péninsule dénucléarisée.
Puis, Pyongyang a mené en 2006 son premier essai nucléaire, et a renoncé officiellement à cet engagement en 2009.
Ces derniers mois, les tensions se sont envolées, atteignant de nouveaux sommets cette semaine lorsque le président Donald Trump a promis à Pyongyang "le feu et la colère".
En retour, le Nord a affirmé que le président américain avait "perdu la raison" et annoncé un plan précis pour tirer quatre missiles vers le territoire américain de Guam, dans le Pacifique.
Cette nouvelle guerre rhétorique inquiète des Sud-Coréens pourtant habitués aux diatribes hostiles du Nord.
Un conflit avec le Nord aurait des conséquences dévastatrices sur la quatrième économie d'Asie, qui est à portée des forces d'artillerie conventionnelles considérables de Pyongyang.
'Equilibre de la terreur'
"La catastrophe plane", a écrit cette semaine le quotidien Chosun. "Toutes les options, même celles qui étaient impensables, doivent être sur la table".
Pyongyang, qui rêve de mettre au point un ICBM capable de délivrer une bombe nucléaire sur le continent américain, a mené au total cinq essais nucléaires, dont trois depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un en décembre 2011.
L'année dernière, une enquête montrait qu'environ 57% des Sud-Coréens étaient favorables à l'idée d'avoir un arsenal nucléaire, contre 31% d'avis contraires.
"Nous devons disposer de nos propres options militaires pour défaire le Nord", juge le Korea Economic Daily, appelant à "l'équilibre de la terreur".
Il ne fait aucun doute que Pyongyang serait furieux si Séoul avait la bombe, lui qui justifie ses programmes balistique et nucléaire par la nécessité de se défendre face aux menaces d'invasion de son territoire. Le ramener à la table des négociations serait encore plus difficile.
"Ce soit-disant +équilibre de la terreur+ ferait de la péninsule le théâtre d'une course aux armes nucléaires, pas une péninsule pacifique", explique Yang Moo-Jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes de Séoul.
Il y aurait "un effet domino" en Asie car Tokyo ou Taipei ne voudront pas être en reste, ajoute-t-il. "Le Japon accueillerait cette perspective à bras ouverts, cela lui fournirait l'excuse parfaite pour réviser la Constitution pacifique et développer son propre arsenal nucléaire".
Le ministre sud-coréen de la Défense Song Young-Moo a dit récemment que le Sud était "pleinement capable" de fabriquer sa propre bombe mais ne l'envisageait pas pour l'instant.
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