"Quand un pays comme les Pays-Bas, un des plus gros exportateurs d'oeufs au monde, ne transmet pas ce genre d'information, ça pose vraiment problème", a déclaré Denis Ducarme lors d'une audition publique extraordinaire devant des députés belges à Bruxelles.
Des dizaines de millions d'oeufs ont été retirés de la vente depuis la semaine dernière dans plusieurs pays européens après les premières révélations faites aux Pays-Bas début août.
Mais la Belgique souhaite lever la confusion régnant autour de l'origine de la contamination. Le royaume avait été le premier pays de l'UE à notifier le 20 juillet la Commission européenne via le système d'alerte mis en place en cas de risque pour la santé des consommateurs.
Un rapport a été commandé par le gouvernement belge à son Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), et présenté mercredi matin par M.Ducarme, sommé de venir s'expliquer en pleine vacances d'été.
"L'Afsca, via un certain nombre de contacts, s'est vu transmettre par hasard des informations internes, (...) un rapport de l'agence néerlandaise (de la sécurité alimentaire) transmis à son ministre néerlandais (...) qui fait état du constat de présence de fipronil au niveau des oeufs néerlandais dès la fin novembre 2016", a expliqué le ministre belge.
Si ces informations avaient été connues plus tôt, "la vigilance par rapport au fipronil aurait été accrue, fortement accrue" en Belgique, a assuré M. Ducarme, déplorant qu'aucune "communication officielle" n'ait été faite par La Haye.
Le rapport de l'agence belge revient sur la chronologie des événements, sur lesquels une enquête distincte a été ouverte le 19 juillet par le parquet d'Anvers, qui se refuse pour l'instant à toute communication.
Alerte début juin
Pour la Belgique, la première alerte est en fait donnée à l'Afsca le 2 juin par un exploitant, qui constate lors d'un test d'auto-contrôle la présence de fipronil dans ses oeufs sur la base de prélèvements faits deux semaines plus tôt.
L'agence lance alors une série de tests et de contrôles, bloque un certain nombre de lots, et tente de remonter à la source de la contamination, en suivant deux pistes: l'alimentation des animaux, et le traitement contre le pou rouge, un parasite qui s'attaque aux poules.
Elle établit alors un lien avec les Pays-Bas au travers d'une firme établie dans le pays, jamais nommée par le ministre, mais identifiée par les médias belges et néerlandais comme l'entreprise ChickFriend.
Cette firme a reconditionné le produit "DEGA-16", utilisé pour désinfecter les poulaillers contre le pou rouge.
L'Afsca fait une première demande d'information à son homologue néerlandaise, dès le 19 juin, réitérée à deux reprises au cours du mois, a souligné M. Ducarme, n'obtenant une réponse partielle que le 13 juillet.
"Un mois sans avoir la moindre information de l'agence hollandaise, ça veut dire quoi? Ca veut dire que nous n'avons pas pu avoir accès à la liste de clients de la firme hollandaise, ça veut dire que l'agence n'a pas pu déterminer plus tôt avec précision le périmètre suspect qu'elle a pu définir par la suite et qui concerne 86 exploitations", a encore regretté le ministre.
Le ministre n'a donné aucun nom d'entreprise, belge ou néerlandaise, assurant respecter à ce sujet la discrétion demandée par la justice.
Il s'est tout de même interrogé sur la réaction de l'Afsca, qui n'a pas informé le gouvernement belge immédiatement.
La Belgique a procédé pour la première fois à des rappels d'oeufs mardi soir issus de six entreprises, après que l'Afsca eut constaté une "incohérence" dans un résultat d'analyse envoyé par un laboratoire.
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