Ayant débuté leurs travaux avec une intervention solennelle d'Emmanuel Macron devant Sénat et Assemblée réunis en Congrès à Versailles, les parlementaires se séparent avec l'adoption au coeur de l'été d'une de ses promesses phares, un projet de loi visant à moraliser la vie politique pour regagner la confiance des citoyens.
Pour le personnel de l'Assemblée comme pour la presse, l'un des premiers défis en juin avait été de reconnaître les nouveaux élus. Pour les 420 nouveaux venus découvrant le palais Bourbon, le défi a été plus complexe: sortir rapidement de la phase de découverte et des selfies enthousiastes pour voter texte après texte.
"Godillots" pour certains, "robots disciplinés, simples machines à voter", pour le socialiste Olivier Faure, les 314 députés REM et apparentés ont subi une forme de "bizutage", a déploré le nouveau président de l'Assemblée nationale François de Rugy. Il a même dû prêter main forte à certains de ses vice-présidents, en difficulté pour tenir certaines séances houleuses.
"On n'a pas eu le sentiment qu'il y avait du côté de cette majorité des leaders (mais) des gens qui étaient plutôt tétanisés", juge de son côté Denys Pouillard, directeur de l'observatoire de la vie politique et parlementaire.
Issus en bonne partie "de la société civile", les députés du groupe majoritaire pensaient selon lui "qu'au Parlement on pouvait obtenir des résultats de la même manière que dans une entreprise".
"Quand nous sommes arrivés au sein de l'Assemblée nationale (...) il y a eu une petite forme de frustration de ce qui n'avançait pas", concédait mardi le député REM de Paris Pierre Person.
Ancien parti de gouvernement, les élus socialistes, réduits à 31 membres, se sont rebaptisés quant à eux "Nouvelle Gauche", tandis que Les Républicains, déjà embarrassés par l'entrée au gouvernement de trois de leurs membres, ont connu une scission avec la création d'un groupe LR-UDI-Constructifs.
En revanche Jean-Luc Mélenchon, à la tête d'un groupe de 17 députés de La France insoumise, s'est réjoui d'incarner l'opposition: "Si vous voulez être dans l'opposition maintenant, il faut faire au moins aussi bien que La France insoumise, ce qui pousse tout le monde à radicaliser son discours", a-t-il lancé la semaine dernière.
Report de vote et incidents
Le rythme de travail imposé par l'exécutif a été soutenu, permettant d'inscrire au bilan de cette session de six semaines deux projets phares d'Emmanuel Macron: l'habilitation à réformer le code du Travail par ordonnances, et la moralisation de la vie publique, dont le deuxième volet devrait être adopté mercredi. Le vote a été retardé par le refus des sénateurs de droite d'entériner la suppression de la réserve parlementaire.
"On termine le travail jusqu'au bout quand on est élu", a répondu Sacha Houlié, vice-président de l'Assemblée (REM), face aux protestations d'élus députés frustrés de devoir retarder leurs vacances.
Ultime accroc pour une session marquée par coups d'éclat, coups de communication - notamment quand les Insoumis ont brandi le code du Travail ou des paquets de pâtes pour illustrer leurs discours en séance - et coups de chaud, comme quand des bêlements moqueurs ont fusé pendant l'intervention d'une députée de la République en Marche.
"Cette équipe parlementaire (...) a fait le +taf+, et ces députés méritent le respect", s'est réjoui mercredi le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner.
L'heure est maintenant à la préparation d'une rentrée parlementaire, en octobre après le renouvellement partiel du Sénat, qui s'annonce peut-être aussi houleuse.
Le projet de loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, visant à pérenniser certaines pratiques de l'état d'urgence, s'annonce déjà comme un temps fort. L'épreuve du feu sera le premier débat budgétaire, quelques mois après des coupes budgétaires sévères, dont le gouvernement Philippe a attribué la responsabilité à son prédécesseur.
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