Courant à la maison, usage restreint en agriculture
Cet insecticide agit en perturbant la transmission de l'influx nerveux dans les cellules nerveuses. Les insectes touchés meurent d'hyper-excitation.
Mis au point par Rhône Poulenc à la fin des années 1980, il est commercialisé depuis 1993 et est aujourd'hui détenu par le géant allemand de la chimie BASF.
Le fipronil est présent dans de nombreux produits antiparasitaires pour les animaux de compagnie (sprays, pipettes et colliers anti-puces et anti-tiques pour chiens et chats) et dans des produits à usage domestique contre les infestations (anti-termites, anti-fourmis, anti-blattes...)
En agriculture, le fipronil est utilisé, principalement sous la marque Regent, contre les insectes ravageurs des récoltes de maïs, de tournesol ou encore de pommes de terre, via notamment l'enrobage de semences.
Accusé de provoquer une surmortalité des abeilles, cet usage est toutefois interdit en France depuis 2004, ainsi que dans la plupart des pays européens. Il reste autorisé à cette fin en Belgique et aux Pays-Bas, ainsi que dans de nombreux autres pays dans le monde, dont les Etats-Unis.
Son utilisation est en revanche interdite dans l'Union européenne pour l'élevage destiné à la consommation humaine, tel que les poules et leurs oeufs.
Toxicité limitée pour l'homme
L'OMS classe le fipronil parmi les pesticides ayant une "dangerosité modérée" pour l'homme, à partir de tests chez l'animal.
Il n'a pas d'effet cancérogène prouvé, mais peut, à haute dose, provoquer des troubles neurologiques et des vomissements, notamment en cas d'ingestion volontaire (tentative de suicide).
En dehors de ces cas, "les effets que l'on observe ne se produisent qu'en cas d'exposition répétée (...) et les effets sont généralement réversibles. Une exposition accidentelle à une dose très basse ne devrait pas être nocive", a estimé Alan Boobis, professeur de toxicologie à l'Imperial College de Londres, interrogé par l'AFP.
Le fipronil "semble être éliminé assez rapidement" par l'organisme, "il est peu probable qu'il s'accumule de façon importante au fil du temps", a ajouté le Pr Boobis.
Dans un rapport publié en 2005, les agences sanitaires françaises AFSSA et AFSSE (devenues depuis l'Anses) estimaient déjà qu'il n'y avait pas à l'époque "d'élément indiquant que l'exposition au fipronil constituait un risque pour la santé de l'homme, dans les conditions préconisées d'emploi".
Elles recommandaient toutefois "des travaux complémentaires" concernant des "possibles effets" à long terme sur le taux d'hormones thyroïdiennes, en particulier pour les personnes exposées dans le cadre professionnel.
Pas de risque d'empoisonnement
Dans le cas de la crise actuelle, le risque d'empoisonnement est très faible voire nul, au vu des concentrations retrouvées dans les oeufs contaminés (inférieures à 1,2 mg/kg).
"Le retrait des oeufs du marché (...) est plus important pour rassurer la population sur la sûreté de leur alimentation que pour protéger leur santé", selon le Pr Boobis.
L'Union européenne estime qu'il n'y a aucun risque pour le consommateur s'il ingère moins de 0,009 mg/kg au cours d'un repas ou d'une journée. Pour une personne pesant 60 kg, cela représente 0,54 mg, soit environ huit des oeufs présentant la plus forte concentration de fipronil.
L'agence sanitaire allemande BfR a toutefois averti que les plus fortes concentrations retrouvées pourraient entraîner un dépassement des seuils recommandés chez les enfants. Mais même dans ce cas, "un dépassement à court terme ne signifie pas automatiquement que la consommation de l'aliment en question implique un risque pour la santé", a-t-elle rassuré.
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