"Depuis le début des manifestations en avril, on constate une tendance évidente à l'usage excessif de la force à l'encontre des manifestants", a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad al Hussein.
Il a évoqué des "traitements cruels, inhumains ou dégradants" contre les personnes arrêtées, "s'apparentant dans certains cas à des actes de torture".
Selon les Nations unies, les forces de sécurité et les milices progouvernementales sont responsables de la mort d'au moins 73 manifestants de l'opposition.
Le président socialiste Nicolas Maduro fait face depuis avril à un vaste mouvement de protestation pour exiger son départ, alors que le pays pétrolier, autrefois le plus riche d'Amérique du Sud, a sombré économiquement. Les manifestations ont déjà fait 125 morts en quatre mois.
Et mardi il s'expose à une nouvelle condamnation internationale : 15 ministres des Affaires étrangères d'Amérique latine et du Canada se réunissent à Lima pour évoquer cette crise.
Le pays a déjà été suspendu samedi du Mercosur, le marché commun sud-américain, pour "rupture de l'ordre démocratique".
Lundi, le président colombien Juan Manuel Santos a prévenu qu'il "n'écart(ait) pas" de rompre les relations avec le Venezuela si "cela continue".
Pression 'nécessaire'
Sourd à ces mises en garde, le gouvernement poursuit son entreprise de reprise en main des institutions.
Pour contourner le Parlement, à majorité d'opposition depuis début 2016, il a installé samedi une toute-puissante Assemblée constituante, dotée du pouvoir de dissoudre le Parlement et de réécrire la Constitution du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013.
Mardi, le département d'Etat américain a rappelé que "les Etats-Unis ne reconnaissent pas la légitimité de l'Assemblée constituante". "C'est le produit illégitime d'une procédure irrégulière conçue par un dictateur", a tweeté sa porte-parole, Heather Nauert, en référence au président Maduro.
Washington a déjà imposé des sanctions financières directes au chef de l'Etat, une mesure extrêmement rare, et n'a pas écarté de se montrer encore plus drastique à l'avenir.
"La pression internationale (...) est nécessaire pour qu'au Venezuela il y ait un changement politique", a estimé Luis Florido, chef de la commission de politique extérieure du Parlement.
La Constituante, rejetée par 72% des Vénézuéliens selon l'institut de sondages Datanalisis, se réunira à nouveau mardi, au sein-même du palais législatif.
Le Parlement, qui siègera mercredi, a accusé la présidente de la Constituante, Delcy Rodriguez, et d'autres élus de cette assemblée, d'avoir forcé lundi soir la porte de l'hémicycle où il siège habituellement, avec l'aide de militaires.
L'immunité des députés menacée
L'opposition a appelé à de nouveaux blocages de routes mardi, après quelques jours sans manifestations, une pause inhabituelle alors que les défilés se succèdent de façon quasi-quotidienne depuis début avril, mais sans doute due à un certain découragement après l'installation de la Constituante qu'elle n'a pas réussi à bloquer.
"Nous n'abandonnons pas la rue car le peuple ne manque pas de motifs pour protester contre la dictature", a assuré Freddy Guevara, vice-président du Parlement.
Dans ce climat tendu, le gouvernement et le haut commandement militaire continuent d'afficher leur unité, cruciale dans ce pays où l'armée est une pièce centrale de l'échiquier politique. Sa loyauté a cependant été mise en question après la mise en échec dimanche d'une attaque menée par un ancien officier et un complice au sein de l'armée, qui a fait deux morts.
La Constituante, qui compte siéger pendant deux ans, a entamé ses travaux samedi en commençant le ménage parmi les voix critiques. Elle a ainsi destitué la procureure générale Luisa Ortega, devenue ces derniers mois l'une des principales adversaires du président, et l'a remplacée par un fidèle du pouvoir.
Sa prochaine action pourrait être de priver d'immunité parlementaire certains députés d'opposition pour les envoyer en prison.
"La Constituante peut lever l'immunité à tout le monde", a prévenu le numéro deux du chavisme, Diosdado Cabello.
L'opposition, qui voit dans cette assemblée une tactique de M. Maduro pour prolonger son mandat au-delà de 2019 et instaurer une "dictature communiste", redoute une "chasse aux sorcières".
Déjà mardi, la Cour suprême a condamné à quinze mois de prison le maire du district de Chacao, un bastion de l'opposition dans l'est de Caracas. Mercredi elle jugera un autre maire du camp adverse, David Smolansky.
Dans le même temps, M. Maduro peut compter sur le soutien de l'ancienne star du football argentin Diego Maradona qui s'est offert comme "soldat" à la révolution bolivarienne.
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