Les chercheurs ont observé 23 chiennes et leurs 98 chiots dans un programme de dressage pour les chiens destinés aux malvoyants, de leur naissance jusqu'à l'âge de 2 ans et demi.
Ils ont constaté que les chiots avec des mères poules qui les léchaient et toilettaient beaucoup et passaient de longs moments avec eux dans leur panier, montraient des degrés élevés d'anxiété en présence d'un objet inconnu.
Ces chiots avaient aussi des difficultés plus grandes pour exécuter certaines tâches comme résoudre des puzzles donnant accès à des friandises.
Les chercheurs estiment que cette surprotection maternelle peut expliquer les 30% d'échec de ces chiens dans le programme d'élevage et de dressage de chiens d'aveugles de l'organisation "The Seeing Eye", dans le New Jersey, qui a participé à cette recherche.
Ces résultats sont comparables à la surprotection des enfants par leurs parents dont les effets ont fait l'objet de nombreuses études.
Selon les experts, trop protéger les enfants peut les conduire à se sentir fragiles et vulnérables voire dévalorisés et désocialisés. Cela peut aussi les amener à se rebeller et à chercher à vivre leurs propres expériences, même les plus risquées.
Besoin d'adversité
Des recherches similaires ont déjà été menées avec des souris et des primates mais jamais avec des chiens.
"C'est frappant de voir ces chiots avec leur mère pendant seulement cinq semaines et que cette courte période après la naissance a un effet sur leur réussite deux ans plus tard", relève Emily Bray, une psychologue de l'Université de Pennsylvanie, principale auteure de cette étude.
"Il semble que les chiots ont besoin d'apprendre à faire face à de petits défis très jeunes et si ce n'est pas le cas, cela peut les handicaper ultérieurement", dans ce cas, pour réussir le dressage de guide d'aveugle, souligne-t-elle.
Cette étude a également mis en lumière que la cognition et le tempérament des chiens sont liés au succès ou à l'échec dans ce programme de dressage.
Les chercheurs ont pu ainsi identifier des tests pouvant prédire très jeunes les futures performances des chiens, ce qui va aider les dresseurs à sélectionner ceux qui ont le plus de chances de réussir le dressage.
Une analyse statistique de toutes les données recueillies, y compris des niveaux d'une hormone liée au stress chez les chiennes séparées momentanément de leurs chiots, a révélé des différences d'attitudes entre les mères particulièrement attentives et celles qui l'étaient moins.
Quand les auteurs ont étudié ce qui étaient advenus des chiots deux ans plus tard, ils ont constaté que ceux dont les mères avaient été les plus attentives étaient ceux qui avaient le moins de chance de réussir les épreuves pour devenir chiens d'aveugle.
C'est particulièrement le cas pour les chiots dont les mères s'allongeaient plus souvent pour allaiter comparativement aux chiennes qui s'asseyaient ou restaient debout, des positions plus difficiles pour leurs chiots.
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