Dans la cour de l'enceinte fortifiée du 12ème siècle donnant sur le corps de logis de style gothique flamboyant, une grande scène ornée d'un dragon métallique et de globes en forme de planètes accueillait les visiteurs venus se déhancher sur de la house, trance, techno ou autres genres de musique électronique.
Six autres scènes étaient disséminées sur trois des six hectares du parc du château, près des douves en eau, ou nichées du côté de la roseraie ou des jardins de type Renaissance.
Car l'une des spécificités du festival Château Perché, c'est bien son cadre historique, dans des châteaux privés du centre de la France.
"L'idée, c'était d'apporter la musique alternative et la fête berlinoise au coeur de la France rurale", explique l'un des fondateurs du festival Samy El Moudni.
Cet ancien étudiant clermontois en finance, qui a découvert les soirées électro lors d'une année de césure à Berlin, appartient au collectif franco-allemand Perchépolis. Les premières éditions du festival ont eu lieu en Auvergne au château de Chazeron, puis dans les châteaux de Busset et, l'an dernier, de Ravel (lieu de tournage du film "Les Choristes").
Fréquentation en hausse
Revendiquant son côté artisanal et communiquant principalement sur les réseaux sociaux et sur les sites spécialisés, ce petit festival n'a cessé de grossir, avec 30% de fréquentation supplémentaire par an.
A Ainay-le-Vieil, l'ambiance était festive et déjantée, et les participants souvent vêtus de costumes, accessoires et guirlandes lumineuses tous plus improbables les uns que les autres. Des ballades contées, des cours de yoga et séances de "body-painting" et de maquillages, très pailletés, étaient notamment proposés aux 4.000 festivaliers en goguette.
"Notre spécificité, c'est la grande liberté qui règne ici et l'intensité des sessions musicales qui durent plus de 20 heures non-stop, avec une programmation assez pointue. On commence à être respectés et reconnus par les collectifs européens", ajoute l'organisateur qui gère une équipe de 400 bénévoles.
Outre la scène berlinoise, le festival, qui dispose de son propre label riche d'une quinzaine d'artistes, a accueilli cette année les Chinois du "Shanghai Restoration Project", dans le cadre d'un échange avec le YinYang Music Festival, organisé sur la Muraille de Chine.
"Ici, il y a la bonne combinaison gagnante: le savoir-faire allemand, des artistes européens, et surtout une touche visuelle importante: le château et ses scènes cachées un peu partout. C'est le meilleur festival du genre en France, à taille humaine", estime la DJ franco-italienne Benedetta Bertella qui anime avec son mari Romain Play le "Camion Bazar", carcasse roulante qui écume les festivals.
"C'est la première fois qu'on vient et c'est vraiment une belle découverte. Chaque scène est différente. Il y a une super scénographie, des vidéos projetées sur les murs du château la nuit. On adore", renchérissent les Parisiens Odile, François, Romain, leurs corps recouverts de peinture bleue et coiffés de bonnets blancs pour ressembler.. aux Schtroumpfs.
Châtelains conquis
Même les propriétaires, dont la famille habite depuis plus de 500 ans ce domaine racheté à Jacques Coeur, grand argentier du roi Charles VII, semblent conquis.
"Ce n'est pas une rave-party. L'ambiance est bon enfant avec une excellente programmation", avancent tout sourire Martine et Auguste d'Aligny, pourtant plus habitués à organiser des concerts de musique classique et dîners aux chandelles l'été.
"On s'est renseigné auprès des autres propriétaires qui avaient déjà participé au festival et ils nous ont rassurés sur le fait qu'ils étaient très respectueux des beaux domaines", expliquent les aristocrates.
"On veut montrer que conserver des vieilles pierres, ce n'est pas l'affaire de châtelains décatis, mais le patrimoine et la musique électronique peuvent aller ensemble", ajoute encore le châtelain qui pourrait aussi en profiter pour financer des travaux de rénovation.
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