Parmi les principales motivations de ces sanctions adoptées à une majorité écrasante par les parlementaires américains, les accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine pourraient déboucher sur des poursuites pénales à Washington.
Selon le Wall Street Journal, le procureur spécial Robert Mueller, qui enquête sur ces accusations et sur des soupçons de collusion entre l'équipe du candidat Trump et Moscou, a constitué un grand jury, nouvelle étape dans ses investigations qui embarrassent la Maison Blanche.
Un grand jury est une sorte de chambre d'instruction composée de citoyens qui délibèrent dans le secret du huis clos pour déterminer si les éléments présentés par le procureur peuvent donner lieu à une inculpation.
M. Trump s'est déchaîné jeudi soir contre l'enquête sur la présumée ingérence russe dans la campagne de 2016, accusant ses rivaux démocrates de s'en servir à des fins politiques.
"L'histoire russe est une fabrication totale", a-t-il lancé lors d'un meeting devant une foule de ses partisans en Virginie Occidentale. "La raison pour laquelle les démocrates ne parlent que de cette histoire russe totalement inventée est qu'ils n'ont pas de message, pas d'agenda et pas de vision".
Parallèlement, sur le front diplomatique, les Etats-Unis font face au courroux des autorités russes, qui ont réagi durement après la promulgation par le président américain, mercredi, des nouvelles sanctions.
C'est "une déclaration de guerre économique totale" qui marque "la fin des espoirs russes pour une amélioration des relations", a affirmé mercredi le Premier ministre Dmitri Medvedev, se moquant de la "faiblesse totale" de la Maison Blanche face au Congrès.
Et Donald Trump, qui se targuait lors de sa prise de fonctions en janvier de pouvoir réchauffer les relations avec le Kremlin de Vladimir Poutine, n'a pu que prendre acte de l'aggravation d'une situation déjà très tendue.
"Nos relations avec la Russie sont à un plus bas historique et très dangereux", a-t-il tweeté jeudi.
Jusqu'ici, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson avait estimé que ces relations étaient "au plus bas depuis la fin de la Guerre froide". Mais il avait prévenu qu'elles pouvaient "encore se détériorer".
M. Trump n'a pas évoqué les multiples dossiers de friction avec Moscou (Syrie, Ukraine, annexion de la Crimée, accusations d'ingérence dans la présidentielle...).
Il a en revanche blâmé les parlementaires pour le gel américano-russe: "Vous pouvez dire merci au Congrès, ces mêmes gens qui s'avèrent incapables de nous donner une couverture santé", a-t-il lancé.
"Nouvelle Guerre froide"
Un message à usage de politique intérieure, qui s'inscrit dans le bras de fer qu'il a engagé, jusqu'ici sans succès, avec le Congrès, pourtant contrôlé par son propre camp républicain, pour revenir sur la réforme du système de santé de son prédécesseur démocrate Barack Obama.
Réponse cinglante, également sur Twitter, du sénateur républicain John McCain, ennemi déclaré de Moscou: "Notre relation avec la Russie est à un plus bas dangereux. Vous pouvez dire merci à Poutine pour les attaques contre notre démocratie, pour l'invasion de ses voisins et les menaces contre nos alliés".
Signe que la crise diplomatique va plus loin, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a aussi évoqué des relations avec la Russie plus "difficiles" que jamais et a appelé à éviter "une nouvelle Guerre froide".
Washington a toutefois estimé qu'une embellie restait possible, alors que Rex Tillerson doit rencontrer ce week-end aux Philippines son homologue russe Sergueï Lavrov, avec lequel il s'est entretenu au téléphone jeudi.
"Il y a toujours de l'espoir pour une amélioration", "les Etats-Unis et la Russie doivent pouvoir être capables de travailler ensemble", a déclaré à la presse la porte-parole du département d'Etat américain Heather Nauert.
Et un haut responsable du département d'Etat a réfuté toute "déclaration de guerre" économique.
Soucieux de renouer avec Moscou, surtout à un moment où il peine à contrer la menace nucléaire nord-coréenne, l'exécutif américain n'avait pas caché ses réserves face à l'offensive du Congrès.
Donald Trump avait critiqué mercredi la loi sur les sanctions, selon lui "très imparfaite", fustigeant une disposition inédite qui limite sa marge de manoeuvre pour revenir sur d'anciennes mesures visant la Russie.
Les nouvelles sanctions frappent notamment le secteur énergétique russe, mais aussi l'Iran et la Corée du Nord.
Téhéran a estimé pour sa part que l'accord nucléaire de 2015 entre l'Iran et les grandes puissances avait été "violé" par ces sanctions et a annoncé son intention de "réagir en conséquence de manière appropriée".
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