Ces sanctions voulues par le Congrès américain constituent "une déclaration de guerre économique totale contre la Russie" et marquent "la fin des espoirs russes pour une amélioration des relations avec la nouvelle administration américaine", a affirmé M. Medvedev sur sa page Facebook mercredi soir.
Selon lui, "l'administration Trump a montré sa faiblesse totale en cédant le pouvoir exécutif au Congrès de la manière la plus humiliante".
Même son de cloche dans la presse russe, le quotidien populaire Komsomolskaïa pravda estimant qu'"il ne s'agit plus des sanctions, mais de savoir qui est le vrai maître de la maison à Washington".
"L'amélioration des relations avec la Russie devient désormais une question de vie et de mort pour le 45e président américain. S'il n'arrive pas à dire +non+ à l'opposition maintenant, le prochain projet de loi pourrait être une motion de défiance à son propre égard", assure le journal.
Donald Trump a promulgué mercredi les nouvelles sanctions économiques contre la Russie voulues par le Congrès, tout en prenant ses distances avec ce texte "très imparfait" qui contrecarre sa volonté d'améliorer les relations avec Moscou.
Les élus américains ont adopté ces sanctions la semaine dernière à une majorité écrasante et Donald Trump a donc décidé de ne pas y opposer son veto, car le Congrès, quasi-unanime sur le sujet, aurait pu facilement passer outre.
"En limitant la marge de manoeuvre de l'exécutif, cette loi entrave la capacité des Etats-Unis à conclure de bons accords pour le peuple américain et va rapprocher la Chine, la Russie et la Corée du Nord", a-t-il estimé au sujet d'un mécanisme inédit introduit par les parlementaires, qui se sont arrogé le droit de s'interposer si jamais il décidait de suspendre des sanctions existantes contre Moscou.
"Malgré ces problèmes, je promulgue cette loi au nom de l'unité nationale", a-t-il ajouté.
Mesure "dangereuse"
Les nouvelles sanctions, qui frappent notamment le secteur énergétique russe, visent à punir Moscou après les accusations d'ingérence dans l'élection présidentielle américaine, ainsi que pour l'annexion de la Crimée et son attitude en Ukraine. Le texte sanctionne aussi l'Iran et la Corée du Nord.
La Russie, qui n'avait pas attendu la signature du président américain pour riposter, a dénoncé une mesure "dangereuse qui risque de miner la stabilité" dans le monde et n'a pas exclu "d'autres mesures de rétorsion".
L'Iran, également visé par les sanctions, a affirmé que l'accord nucléaire avait été "violé" et prévenu qu'il allait "réagir en conséquence de manière appropriée".
Le Kremlin a pour sa part assuré que cette promulgation "ne change rien" pour Moscou, en rappelant que la Russie "avait déjà pris des mesures de rétorsion".
En effet, dès vendredi, sans attendre la signature de Donald Trump, Moscou avait annoncé une réduction draconienne de la présence diplomatique américaine sur son territoire: Washington devra diminuer à partir du 1er septembre des deux tiers le personnel de son ambassade et de ses consulats.
L'élection à la Maison Blanche du magnat de l'immobilier avait laissé entrevoir une possible amélioration des relations entre Washington et Moscou, qui ne s'est toutefois pas concrétisée, sur fond d'accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine et de soupçons de collusion entre l'équipe du candidat Trump et la Russie.
"Les relations sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide, et peuvent encore se détériorer", a répété mardi le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, qui doit rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov en tête-à-tête au cours du weekend en marge d'une réunion à Manille.
"Nous espérons qu'il y aura une coopération entre nos deux pays sur les principaux dossiers internationaux, de manière à ce que ces sanctions ne soient plus nécessaires", a déclaré le président Trump dans son communiqué.
Il s'est aussi attaché à rassurer ses alliés européens, qui craignent pour leur approvisionnement en gaz russe et dénoncent une action unilatérale.
"La nouvelle formulation prend en compte les remarques de nos alliés européens, qui ont été des partenaires résolus en matière de sanctions contre la Russie", a assuré Donald Trump.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'est dit "globalement satisfait" de cet assouplissement, mais a promis de "riposter" rapidement si les sanctions "devaient dans la pratique léser des entreprises européennes".
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