Ce conservateur de 76 ans, président un peu par hasard dont la cote de popularité est tombée dans les abysses (5%), a survécu à un vote des députés qui aurait ouvert la voie à son procès pour corruption passive devant la Cour suprême et à sa probable chute.
En juin, il avait déjà senti le vent du boulet, en échappant de très peu à la justice électorale, qui n'avait pas invalidé son mandat, en dépit d'accusations d'irrégularités financières dans la campagne menée en 2014 aux côtés de Dilma Rousseff, dont il était vice-président.
Cet homme discret est arrivé au sommet de l'Etat il y a un peu plus d'un an, après la destitution controversée de Mme Rousseff, au crépuscule d'une vie politique qui paraissait cantonnée aux coulisses tamisées du pouvoir.
L'année de présidence de Temer n'a pas été une promenade de santé, alors que le Brésil affronte une récession historique et que les accusations de corruption pleuvent avec le scandale colossal autour du groupe Petrobras.
Une avalanche de motions de destitution, la menace de désertion de ses partenaires de coalition et des manifestants scandant "Fora Temer!" ("Dehors Temer") ont contribué à faire du président brésilien un homme cerné de toutes parts.
Mais il s'est accroché au pouvoir, affirmant qu'il "ne démissionnerai(t) pas", en réponse à un coup violent asséné en mai par le journal O Globo: la publication d'un enregistrement clandestin le compromettant lourdement.
'Vice-président décoratif'
Cet enregistrement sonore, dans lequel il semble donner son accord pour acheter le silence d'Eduardo Cunha, ex-député aujourd'hui en prison pour son implication dans le méga-scandale Petrobras, a jeté son mandat dans la tourmente.
Michel Temer s'est dit pourtant déterminé à rester jusqu'au bout, fin 2018. "Au service du pays", et sans la moindre ambition de se représenter
Il était arrivé sur le devant de la scène presque par accident en août 2016: Mme Rousseff venait d'être destituée avec fracas par le Parlement pour maquillage des comptes publics.
Le profil sans relief de ce cadet d'une fratrie de huit enfants, né d'immigrants libanais en 1940 dans l'Etat de Sao Paulo (sud-est), toujours tiré à quatre épingles, le visage un peu figé par la chirurgie esthétique, réserve toutefois des surprises.
M. Temer, poète à ses heures, a eu cinq enfants de trois mariages. Son épouse actuelle est une ex-reine de beauté de 43 ans sa cadette, décrite comme "belle, réservée et au foyer" par la revue Veja.
Dirigeant depuis 15 ans le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre-droit), arbitre de toutes les majorités de gouvernement depuis 1994, M. Temer avait accumulé les rancoeurs en cinq ans de mariage de raison avec Mme Rousseff, lui reprochant notamment de l'avoir rabaissé au rang de "vice-président décoratif".
Au printemps 2016, la crise politique brésilienne avait franchi un point de non retour. La présidence de Mme Rousseff prenait l'eau de toutes parts.
Pour M. Temer, son vice-président depuis cinq ans, l'heure avait sonné d'entrer dans la lumière.
En vieux renard de la politique, il avait orchestré fin mars le débarquement du PMDB du gouvernement. Un coup fatal pour sa désormais rivale, dont il a d'abord assuré l'intérim à partir de mai, avant de la remplacer définitivement fin août.
Popularité au plus bas
Sa longue expérience parlementaire - il a présidé trois fois la Chambre des députés - lui a permis de cimenter une large coalition sur les ruines de l'ancienne majorité de Mme Rousseff pour garantir sa destitution.
Un soutien qui s'est avéré décisif mercredi au moment où les députés devaient décider s'ils donnaient suite à sa demande de mise en accusation, de même que sa connaissance intime des arcanes de l'assemblée, avec ses manoeuvres, arrangements financiers et alliances fluctuantes.
M. Temer est aussi l'ami des marchés et des entrepreneurs, rassurés par ses réformes d'austérité, qui mêlent gel des dépenses publiques, réforme du droit du travail et recul de l'âge de départ à la retraite.
Il peut se flatter de premiers résultats économiques encourageants alors que la première économie d'Amérique latine semble commencer à sortir la tête de l'eau. C'est d'ailleurs le combat économique qu'il affirme avoir toujours eu en tête pour défendre son mandat.
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