La Russie, qui n'avait pas attendu la signature du président américain pour riposter, a dénoncé une mesure "dangereuse qui risque de miner la stabilité" dans le monde et n'a pas exclu "d'autres mesures de rétorsion".
Et le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a relevé que la Maison Blanche avait cédé devant le Congrès "de la manière la plus humiliante".
Les nouvelles sanctions, qui frappent notamment le secteur énergétique russe, visent à punir Moscou après les accusations d'ingérence dans l'élection présidentielle américaine, ainsi que pour l'annexion de la Crimée et son attitude en Ukraine. Le texte sanctionne aussi l'Iran et la Corée du Nord.
L'exécutif américain n'avait pas caché ses réserves avant l'adoption des nouvelles sanctions par le Congrès. Mais les élus américains les ont adoptées la semaine dernière à une majorité écrasante et Donald Trump a donc décidé de ne pas y opposer son veto, car le Congrès, quasi-unanime sur le sujet, aurait pu facilement passer outre.
"La loi reste très imparfaite", a déploré le président américain dans un communiqué, après y avoir apposé sa signature à l'abri des caméras. Il ne s'est pas entretenu avec son homologue russe Vladimir Poutine avant de la promulguer, a précisé la Maison Blanche.
"En limitant la marge de manoeuvre de l'exécutif, cette loi entrave la capacité des Etats-Unis à conclure de bons accords pour le peuple américain et va rapprocher la Chine, la Russie et la Corée du Nord", a-t-il estimé au sujet d'un mécanisme inédit introduit par les parlementaires, qui se sont arrogé le droit de s'interposer si jamais il décidait de suspendre des sanctions existantes contre Moscou.
"Malgré ces problèmes, je promulgue cette loi au nom de l'unité nationale", a-t-il ajouté. "Elle représente la volonté du peuple américain de voir la Russie prendre des mesures pour améliorer les relations avec les Etats-Unis."
'Faiblesse totale'
Dès vendredi, sans attendre la signature de Donald Trump, Moscou avait annoncé une réduction draconienne de la présence diplomatique américaine sur son territoire: Washington devra diminuer à partir du 1er septembre de deux tiers le personnel de son ambassade et de ses consulats, une décision que la Maison Blanche n'a pas souhaité commenter.
Le Premier ministre Dmitri Medvedev a déclaré sur sa page Facebook que les nouvelles sanctions constituaient "une déclaration de guerre économique totale contre la Russie". Elles marquent "la fin des espoirs russes pour une amélioration des relations avec la nouvelle administration américaine".
"L'administration Trump a montré sa faiblesse totale en cédant le pouvoir exécutif au Congrès de la manière la plus humiliante", a estimé M. Medvedev.
L'élection à la Maison Blanche du magnat de l'immobilier avait laissé entrevoir une possible amélioration des relations entre Washington et Moscou, qui ne s'est toutefois pas concrétisée, sur fond d'accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine et de soupçons de collusion entre l'équipe du candidat Trump et la Russie.
"Les relations sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide, et peuvent encore se détériorer", a répété mardi le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson.
Il est même allé plus loin, redoutant que cette aggravation soit désormais en train de se produire avec "les événements de cette dernière semaine". Il rencontrera son homologue russe Sergueï Lavrov en tête-à-tête au cours du weekend en marge d'une réunion à Manille.
"Nous espérons qu'il y aura une coopération entre nos deux pays sur les principaux dossiers internationaux, de manière à ce que ces sanctions ne soient plus nécessaires", a déclaré le président Trump dans son communiqué.
Il s'est aussi attaché à rassurer ses alliés européens, inquiets face à ces punitions décidées, une fois n'est pas coutume, sans aucun accord transatlantique, et surtout face à une disposition susceptible d'ouvrir la voie à des sanctions contre les groupes européens partenaires du projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit accélérer l'acheminement de gaz russe vers l'Allemagne à partir de 2019. "La nouvelle formulation prend en compte les remarques de nos alliés européens, qui ont été des partenaires résolus en matière de sanctions contre la Russie", a assuré Donald Trump.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'est dit "globalement satisfait" de cet assouplissement, mais a promis de "riposter" rapidement si les sanctions "devaient dans la pratique léser des entreprises européennes".
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