Bien que l'opposition ait réussi à retarder le début du vote par des manoeuvres dilatoires lors d'une séance chargée de suspense, le quorum nécessaire a finalement été atteint.
Selon les analystes, le chef de l'État, un conservateur de 76 ans qui a fait preuve de combativité dans la tempête, a de bonnes chances d'échapper à un procès, même si sa cote de popularité s'est effondrée à 5%.
Le début de la séance a été marqué par des protestations bruyantes de la gauche demandant la tête du président. Puis des parlementaires de tous bords -- dont plus d'un tiers sont eux-mêmes visés par des enquêtes pour corruption -- se sont lancés dans des diatribes.
Les débats qui ont précédé le vote ont été marqués par des moments de confusion généralisée, avec des députés qui ont menacé d'en venir aux mains en se poussant au milieu de l'hémicycle.
La tension est encore montée d'un cran quand un fervent partisan de M. Temer a brandi une poupée gonflable à l'effigie de l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, lui-même condamné pour corruption, en uniforme de prisonnier.
Lors de cette séance cruciale, une majorité des deux tiers (342 députés sur 513) est nécessaire pour donner le feu vert au renvoi de Michel Temer devant la Cour suprême, qui le jugerait.
En cas d'avis favorable, la Cour suprême pourrait écarter M. Temer du pouvoir pour six mois, le temps du procès. Le Brésil perdrait ainsi son chef d'Etat pour la deuxième fois en un peu plus d'un an, après la destitution choc de la présidente de gauche Dilma Rousseff.
Si M. Temer, du parti PMDB (centre), était poussé vers la sortie, il serait remplacé par le président de la Chambre Rodrigo Maia, le temps de désigner un successeur.
"Large majorité"
Le président s'est dit "confiant", même si un sondage a révélé récemment que 81% des Brésiliens souhaitaient que les députés autorisent l'ouverture d'un procès.
La Bourse de Sao Paulo a terminé la séance en hausse, dépassant les 67.000 points pour la première fois depuis le début du scandale impliquant M. Temer en mai.
Le marché a signifié ainsi son sentiment que le président allait sauver son mandat et avoir les mains libres pour mettre enfin en place les mesures d'austérité nécessaires à la reprise dans un pays plombé depuis 2015 par une récession historique.
Les analystes du centre Eurasia Group prévoyaient que l'option d'un procès serait "rejetée avec une large majorité" et que le gouvernement pourrait "reprendre les négociations sur la réforme des retraites".
M. Temer est accusé de s'être "prévalu de sa condition de chef d'État" pour recevoir 500.000 réais (environ 140.000 euros) de pots-de-vin de la part du géant de la viande JBS, impliqué dans le gigantesque scandale de corruption qui touche le Brésil.
'Un voleur est un voleur'
Avant le début de la séance, trois députés du PSOL, parti d'extrême gauche, ont brandi une valise de billets arborant le visage de Michel Temer, en référence à l'arrestation en mai d'un proche du président en possession d'une valise de coupures qui lui aurait été destinée.
"Un voleur est un voleur et doit être traité comme tel", a scandé le député Major Olimpio, du parti Solidariedade, dans un discours passionné.
Le camp pro-Temer rejetait pour sa part les accusations, qualifiées de "fictions".
Le président n'a pas ménagé ses efforts ces dernières semaines pour s'assurer du soutien d'une majorité de députés. Des ministres ont été réquisitionnés pour aller voter à la Chambre, et de nombreuses, et coûteuses, faveurs auraient été accordées à des députés.
"Pour rester au pouvoir, Temer a sans doute dépensé autant que le PSG pour le transfert de Neymar", a ironisé Chico Alencar, député du PSOL, en référence à la clause libératoire de 222 millions d'euros que le club doit payer au FC Barcelone pour s'attacher les services du joueur brésilien.
L'avenir du footballeur était d'ailleurs plus commenté par les Brésiliens sur les réseaux sociaux que celui du président Temer, tandis que le calme régnait dans la capitale Brasilia.
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