"Une attaque des combattants de l'EI dans une mosquée à Herat a fait environ 50 morts et 80 blessés chiites", a annoncé Amaq, l'organe de propagande des extrémistes sunnites, gonflant les bilans.
Les corps des 33 victimes, fauchées mardi soir par deux kamikazes, ont été portés à travers la ville dans un climat de tension, transformant les obsèques en manifestation, dont fusaient des slogans hostiles aux autorités.
"Nous réclamons justice", "Mort à Daesh" (acronyme arabe du groupe Etat islamique), "Assez des fondamentalistes", ont crié près de 5.000 personnes rassemblées près de la mosquée martyre avant de gagner le cimetière, cercueils à bout de bras, en une douloureuse procession.
"Si le gouvernement ne fait rien, nous nous vengerons nous-mêmes", ont-ils menacés, conduisant leurs propres contrôles et fouilles par crainte d'une nouvelle attaque.
Des heurts avaient éclaté dès mardi soir devant l'hôpital et près de la mosquée, où la foule s'est jetée sur un poste de police qu'elle a incendié aux cris de "Mort au gouvernement", ont rapporté des témoins à l'AFP.
Le ministère de l'Intérieur a dépêché "une délégation de haut niveau pour enquêter sur l'incident", a indiqué à l'AFP Jilani Farhad, le porte-parole du gouverneur de Herat.
Par ailleurs, après l'attentat, "le chef de la police du district 4 (le quartier visé, ndlr) a été suspendu pour négligence", a-t-il ajouté.
Trente-trois personnes ont été tuées et 66 blessées, selon le dernier bilan communiqué par le porte-parole, qui a prévenu que "certains blessés sont dans un état critique".
'les policiers ont fui'
D'après les récits collectés par l'AFP, les assaillants ont d'abord ouvert le feu sur les fidèles, puis ont déclenché leurs vestes explosives à l'intérieur de la mosquée, pleine en ce rassemblement traditionnel du mardi soir.
"Quand je suis arrivé, la mosquée était souillée de morceaux de corps et de sang. J'ai vu une mère qui pleurait, elle cherchait ses deux enfants: elle en a découvert un, blessé dans les décombres. L'autre a été retrouvé mort dans une ambulance" raconte Farhad Afshar.
Ali a essayé de sauver un enfant, en vain: "Il n'y avait pas assez d'ambulances, les gens utilisaient des voitures particulières pour évacuer les blessés; j'ai voulu emmener un enfant à l'hôpital mais il est mort dans mes bras".
"Ils ont même tué un enfant de sept ans", rapporte en pleurant Farhad Dost qui a perdu un cousin. "Ce n'est pas une attaque contre les chiites mais contre tous les Afghans, contre les musulmans".
Il accuse: "Les policiers étaient à 100 mètres de la mosquée, ils n'ont même pas essayé d'arrêter les assaillants, ils se sont tous enfuis à la première détonation".
La communauté chiite a été durement éprouvée depuis un an, récemment encore à Kaboul le 24 juillet par un kamikaze qui a fait 26 morts et une quarantaine de blessés. Cet attentat a été revendiqué par les talibans.
Ces derniers, qui multiplient les opérations, avaient rapidement fait savoir qu'ils n'étaient pas responsables de l'attentat de Herat mardi soir.
En revanche, ils ont revendiqué mercredi une attaque à la voiture suicide contre un convoi de l'Otan près de Kandahar (sud): aucun bilan officiel n'a été communiqué mais selon un témoin joint par l'AFP "au moins trois corps" ont été sortis d'un blindé en flammes.
L'EI a revendiqué la plupart des actions anti-chiites en Afghanistan, y compris une attaque complexe menée lundi par quatre assaillants contre l'ambassade d'Irak à Kaboul, qui a fait deux morts parmi le personnel afghan.
L'EI, qui recule au Levant, est apparu dans l'est de Afghanistan début 2015 et progresse désormais dans le nord du pays.
Le gouvernement a appelé "les Afghans et les responsables religieux à se dresser, unis, contre la barbarie des terroristes".
"Les terroristes ne peuvent pas semer le sectarisme au sein de notre peuple", a ajouté le président Ashraf Ghani.
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