Si deux tiers des députés (342 voix sur 513) décident d'un procès devant la Cour Suprême, le chef de l'État risque d'être inculpé et écarté du pouvoir pour six mois.
Malgré une cote de popularité historiquement basse (5%), M. Temer affiche une confiance inébranlable en sa capacité à obtenir les voix nécessaires pour que l'affaire soit définitivement classée.
À tel point que la principale préoccupation de l'entourage du président est de s'assurer que le vote aura bien lieu, face aux menaces de boycott de l'opposition, qui espère faire traîner la procédure en longueur, en misant sur l'usure d'un gouvernement conservateur aux abois.
Là encore, il est question du chiffre magique de 342, comme le nombre de parlementaires qui doivent être présents dans l'hémicycle pour que la question soit définitivement tranchée.
Les deux camps doivent se livrer à un numéro d'équilibriste, entre la nécessité de rassembler le plus de voix possibles et les comptes d'apothicaire liés au fameux quorum nécessaire pour que le vote ait bien lieu mercredi.
Négociations en coulisses
Selon le quotidien Folha de Sao Paulo, M. Temer est tellement sûr de lui qu'il s'est mis à encourager des députés qui se sont déclarés en faveur de l'ouverture d'un procès à se présenter à la séance.
Même son de cloche du côté de Rodrigo Maia, président de la Chambre des députés, qui s'est montré mardi confiant dans une issue rapide de cette crise institutionnelle qui tient en haleine le Brésil.
"Je crois que le vote aura lieu mercredi, ce qui donnera plus de tranquillité à notre société. Cette question doit être résolue dans l'après-midi", a-t-il affirmé à des journalistes.
Même s'il est considéré comme un fidèle allié de M. Temer, la loyauté de M. Maia a été remise en cause ces dernières semaines par des rumeurs lui prêtant des ambitions présidentielles.
Si le chef de l'État est écarté du pouvoir, le président de la Chambre le remplacera pendant un mois, le temps de désigner un successeur.
"Il faut que cette affaire soit tranchée pour le bien du Brésil. On ne peut pas jouer avec un sujet aussi grave. Il ne faut pas laisser le patient sur la table d'opération avec le ventre ouvert", avait déjà déclaré M. Maia vendredi dernier.
Même s'il connaît bien les arcanes de la chambre basse, qu'il a présidée à trois reprises, M. Temer sait qu'il n'est pas à l'abri d'un retournement de situation.
C'est pourquoi il a continué à négocier en coulisses ces derniers jours pour s'assurer le soutien d'un maximum de parlementaires.
Mardi, il a déjeuné avec 52 députés apparentés au Front Parlementaire pour l'Agriculture (FPA), qui représente les intérêts du puissant lobby de l'agro-business.
En bikini à Rio
M. Temer a aussi multiplié ces derniers jours les apparitions publiques visant à renforcer sa stature d'homme d'État.
Dimanche, il était à Rio de Janeiro pour assurer le service après-vente du déploiement de l'armée dans une ville en proie à la violence.
Une initiative qui lui a valu une caricature féroce en une de l'édition de mardi du quotidien O Globo: il y apparaît en bikini à côté d'un tank placé sous la statue du Christ Rédempteur.
Le président est accusé de s'être "prévalu de sa condition de chef d'État" pour recevoir 500.000 réais (environ 140.000 euros) de pots-de-vin de la part du géant de la viande JBS, impliqué dans le gigantesque scandale de corruption qui touche le Brésil.
Selon un sondage de l'institut Ibope diffusé lundi sur la radio CBN, 81% des Brésiliens souhaitent que les députés renvoient la mise en accusation vers la Cour Suprême.
Arrivé au pouvoir en mai 2016, après la destitution controversée de Dilma Rousseff, dont il était le vice-président, M. Temer est pour le moment parvenu à se maintenir à son poste malgré les scandales à répétition.
En juin, il avait déjà été blanchi par la justice électorale, face à des accusations de financement illégal de campagne.
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