Le ministre français est attendu dans la capitale italienne en début d'après-midi avant un rendez-vous prévu à 17H00 (15H00 GMT) avec son homologue italien Pier Carlo Padoan et le ministre du Développement économique Carlo Calenda.
L'Italie avait vivement réagi la semaine dernière à la nationalisation "temporaire" du chantier naval, pourtant promis à Fincantieri, en dénonçant le retour du nationalisme et du protectionnisme.
Le gouvernement français assure que la négociation n'est pas rompue et que Fincantieri est toujours en lice. Mais le chantier italien réclame la majorité du capital quand Paris n'est prêt à accepter qu'un accord 50-50.
Après le tollé soulevé en Italie, et les interrogations que cette nationalisation ont également suscité en Europe, M. Le Maire n'arrive pas les mains vides.
Dimanche, il a proposé à l'Italie d'élargir les négociations à une coopération militaire pour bâtir "un grand champion de l'industrie navale européenne".
Un "geste d'ouverture" du président français Emmanuel Macron, a souligné le ministre dans un entretien avec le Journal du Dimanche.
Le chef de l'Etat français avait déjà appelé jeudi le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni pour "dissiper toute mauvaise interprétation", assurant vouloir faire "une large place" au groupe italien.
M. Le Maire a toutefois réaffirmé dimanche qu'en cas d'échec des négociations, la France chercherait "d'autres repreneurs", une solution qu'il dit ne pas souhaiter.
L'Italie n'a pas officiellement réagi à cette main tendue. Mais la ministre de la Défense Roberta Pinotti a de nouveau plaidé ce weekend pour une démarche européenne, après d'autres ministres italiens.
"Si nous ne parvenons pas à finaliser l'accord conclu entre STX et Fincantieri, on risque de perdre un des piliers de la future défense européenne: le regroupement industriel", a-t-elle affirmé dans un entretien publié par le quotidien Il Messaggero.
Ligne ferme
Cette nationalisation, la première d'un groupe industriel en France depuis la vague de nationalisations du pouvoir socialiste en 1981, est "grave et incompréhensible", avaient réagi jeudi Pier Carlo Padoan et Carlo Calenda.
Ce dernier a maintenu une ligne ferme ce weekend en soulignant que l'Italie n'avait pas l'intention de bouger d'un millimètre "mardi, mercredi ou n'importe quel autre jour".
"Nous recevrons le ministre Le Maire mardi prochain à Rome et nous écouterons les propositions du gouvernement français en partant de cette base incontournable" qu'est le contrôle de STX France par Fincantieri, avaient déclaré MM. Padoan et Calenda jeudi dans un communiqué commun.
En refusant le contrôle du chantier de Saint-Nazaire par Fincantieri, la France affirme vouloir simplement protéger "ses intérêts, comme le font la Chine ou les Etats-Unis", a assuré dimanche M. Le Maire.
"Nous voulons avoir toutes les garanties, je dis bien toutes, que ces savoir-faire ne partiront pas un jour dans une autre grande puissance économique mondiale non européenne, pour être très précis", avait déjà expliqué jeudi M. Le Maire, dans une allusion à peine voilée à la Chine.
Fincantieri, leader mondial dans la construction de paquebots de croisière, est en effet partenaire des chantiers navals publics chinois CSSC, dans la construction de navires pour le marché chinois. Mais à Rome, on ne comprend pas pourquoi une société italienne ne peut pas "détenir la majorité de STX, une société qui était jusqu'à présent sous contrôle d'un groupe coréen", ont fait remarquer MM. Padoan et Calenda jeudi.
La nationalisation de STX a suscité de vives réactions dans la classe politique et les médias italiens, au moment où nombre de sociétés françaises sont engagées en Italie.
"Alors que la propriété coréenne des chantiers navals (français) a été acceptée sans aucun problème, on les nationalise (y compris en y ajoutant le ridicule mot de +provisoire+) afin qu'ils ne finissent pas entre les mains des Italiens. Le tout après que la France a acheté la moitié de l'Italie", s'est ainsi exclamé l'ancien Premier ministre italien et président de la Commission européenne, Romano Prodi, dans une tribune au vitriol dimanche dans le Messaggero.
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