Un succès devrait ouvrir la voie à des vols réguliers pour livrer des équipements scientifiques et d'exploration afin d'exploiter les ressources du sol lunaire et son potentiel commercial.
"Nous continuons à travailler d'arrache-pied pour essayer de respecter ce calendrier", assure Robert Richards, PDG et co-fondateur en 2010 de Moon Express, basée à Cap Canaveral.
Mais, concède ce Canadien dans un entretien avec l'AFP, "c'est très optimiste vu que la fusée n'a pas encore atteint l'orbite terrestre dans les vols d'essai et que nous construisons encore notre vaisseau".
Ce redoublement d'efforts pour tenter un premier vol dans ce court délai s'explique en partie par les 20 millions de dollars offerts par le Google Lunar X-prize, même si "ce n'est pas la motivation fondamentale", explique Robert Richards.
La condition: être une entité privée et lancer un engin vers le sol lunaire avant le 31 décembre 2017.
Une fois arrivé sur la Lune il faudra, comme autre condition, faire déplacer le vaisseau ou un robot à son bord sur 500 mètres et transmettre une vidéo et des photos vers la Terre.
Moon Express qui paraît la mieux placée, fait partie des cinq finalistes de ce concours sur les 33 en lice.
"Station service"
Les quatre autres concurrents sélectionnés sont l'équipe japonaise Hakuto, israélienne SpaceIL, indienne Team Indus et Synergy Moon, une collaboration internationale dans plus de quinze pays.
"Nos entendons mettre sur pied une entreprise visionnaire capable d'offrir des vols économiques vers la Lune afin de pouvoir développer de nouveaux marchés", ajoute M. Richards, précisant que le premier vol coûtera moins de dix millions de dollars.
"L'objectif à long terme est de prospecter les richesses lunaires et les exploiter, à commencer par l'eau", précise l'entrepreneur.
Il note que cette ressource précieuse est encore plus abondante sur la Lune qu'on ne le pensait, citant une étude récente.
L'eau est l'élément essentiel pour l'exploration humaine du système solaire, fournissant l'oxygène nécessaire à la vie et l'hydrogène pour le carburant des fusées.
"La Lune deviendra ainsi une sorte de station service" pour les vaisseaux spatiaux du futur, prédit-il.
Le sol lunaire est aussi riche en platine et hélium-3, rare sur la Terre, qui pourrait être utilisé pour la fusion nucléaire.
Le petit vaisseau lunaire de Moon Express, baptisé MX1-E, mesure 91 cm de largeur sur 1,37 m de hauteur.
Une canette de soda
De la forme d'une canette de soda avec des pieds, il est composé d'un seul étage et son moteur lui permet de voler de l'orbite terrestre à la Lune. Il faudra de cinq à six jours entre le lancement et l'alunissage, selon Robert Richards.
En fait, dit-il, MX1-E est le premier module d'un système d'exploration, un peu comme un Lego que l'on assemble pour obtenir des véhicules plus grands capables de transporter de plus lourdes charges.
Les autres vaisseaux sont MX2, MX5 et MX9, les numéros correspondant au nombre de modules.
Vu ses dimensions, MX1-E peut être lancé par la nouvelle fusée Electron fabriquée pour 5 millions de dollars par la start-up américaine Rocket Lab, qui lance depuis ses installations en Nouvelle-Zélande.
Il y a encore trois vols d'essai avant le lancement de MX1-E sur les quatre prévus.
"Ils sont un peu en retard sur le calendrier mais tout se passe très bien", a assuré le patron de Moon Express, qui prévoit trois missions vers la Lune d'ici 2020.
Outre le premier vol avec MX1-E, une deuxième mission est programmée vers le pôle sud lunaire, riche en glace, pour y établir une station de recherche robotisée.
Enfin, la troisième mission a pour objectif de ramener sur Terre des échantillons du sol lunaire.
La jeune société a déjà conclu plusieurs contrats avec des clients dont quatre avec l'Institut national italien de physique nucléaire pour acheminer des rétro-réflecteurs sur la surface lunaire.
Ils compléteront ceux apportés pendant les missions Apollo il y a plus de 40 ans et permettront entre autres des recherches en astrophysique.
Un autre contrat avec International Lunar Observatory Association prévoit de transporter des télescopes au pôle sud de la Lune en 2019.
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