"On voulait faire un petit spectacle, intime, proche des gens", explique Jean-Luc Courcoult, fondateur de Royal de Luxe en 1979 et, comme à l'accoutumée, auteur et metteur en scène de cette pièce.
Deux rideaux pour seul décor ferment la scène de 20 mètres sur 10, et neuf comédiens évoluent au plus près des 700 spectateurs. Loin de la saga des géants se promenant dans les grandes villes du monde entier, "Miniatures" a été imaginé après les attentats de Paris quand il était "plus complexe de faire de grands spectacles de foule avec Vigipirate", précise-t-il.
Marquant le retour de la compagnie à Nantes, où elle est basée depuis 1989, trois ans après y avoir proposé "Le Mur de Planck" et ses personnages géants, "Miniatures" met en scène un pilote de ligne observant du ciel, à la loupe, les catastrophes frappant la planète.
'Sujet noir, spectacle tendre'
Dans une ambiance de hall d'aéroport, le public embarque place de la Petite-Hollande, en plein coeur de Nantes, pour un vol "Royal Airlines" d'une heure et demie. Après avoir libéré la piste d'un tapis de verres de vin rouge, le pilote assis sur une chaise à ressorts s'endort aux commandes de son manche à balai.
Dans les nuages, il surplombe pays en guerre ou touchés par le réchauffement climatique, visionnant les conflits de très haut et rêvant de sa famille, de son père "maréchal du nettoyage", de sa mère femme de ménage se transformant, à minuit, en reine-mère coiffée d'une soupière, et de ses soeurs "pareilles" chaussées de patins à roulettes.
"C'est comme nous quand on est en face d'un écran, on aperçoit le monde réel à travers cet écran et on a l'impression d'y être. Mais on n'est pas dans la réalité, on est avec une grande distance de ce qui se passe dans le monde", souligne Jean-Luc Courcoult.
Dans une "cohérence incohérente", sa mise en scène alterne saynètes graves et humoristiques et convoque tour à tour un légionnaire romain sorti d'un frigidaire, un plombier-scaphandrier la tête coincée dans le tambour d'une machine à laver, un chef de gare cerclé d'un train électrique ou une machine à écrire frappant les touches toute seule.
En plein barbecue, la visite au pilote d'un marchand d'armes provoque l'explosion d'un tank militaire, détournant brièvement le regard du spectateur avant qu'il ne soit accroché par un mannequin posé sur le bitume, représentant le corps sans vie d'Aylan, petit Syrien de trois ans retrouvé mort sur une plage turque en 2015, dont la photo avait fait le tour du monde.
"Le sujet est noir, mais le spectacle est extrêmement tendre", assure Jean-Luc Courcoult, qui a souhaité "poser un regard poétique sur la réalité du monde d'aujourd'hui".
Gratuit et tout public, le spectacle sera joué tous les soirs à l'exception des lundis, et tous les mercredis après-midis.
Coproduit par la métropole de Nantes et le ministère de la Culture, pour un budget de 650.000 euros, "Miniatures", qui avait été présentée en avant-première en mars à Malines (Belgique) doit ensuite partir en 2018 et 2019 en "tournée mondiale", dont les dates et les lieux n'ont pas été communiqués.
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