Dans la nuit de jeudi à vendredi, la chambre haute du Congrès était appelée à se prononcer sur une abrogation "a minima" d'Obamacare, l'emblématique loi sur le système de santé de Barack Obama, honnie des républicains qui promettent depuis 7 ans de s'en débarrasser.
Pour ce vote serré - la majorité républicaine au Sénat possède 52 sièges sur 100 -, plusieurs figures républicaines comme Rand Paul ou Lindsey Graham avaient fait part de leur réserves sur la direction que prenait le texte. Mais alors qu'ils semblaient céder aux demandes du président républicain, ce sont Susan Collins et Lisa Murkowski qui ont fait pencher la balance.
Sans les sénatrices respectivement du Maine et de l'Alaska, qui suivent ce dossier depuis des mois, l'arrivée théâtrale de John McCain, à 1H29 du matin vendredi pour afficher son désaccord pouce baissé, aurait été vaine.
Pour elles plus que quiconque, s'opposer à "Trumpcare" a été un combat. Les deux sénatrices ont fait l'objet de pressions directes et d'invectives de Donald Trump, ou de tentatives d'intimidation de ses partisans. Blake Farenthold, un élu républicain, aurait même voulu en venir aux mains avec elles, si elles n'étaient pas des femmes.
Des 52 sénateurs républicains, Susan Collins, 64 ans et Lisa Murkowski, 60 ans, sont les plus féroces opposantes au président Trump. Elles avaient également voté contre la nomination de la ministre de l'Education, Betsy DeVos, qu'elles jugeaient incompétente.
Même en dehors de l'hémicycle, elles dénoncent, lorsqu'elle en ressentent le besoin, les diatribes du milliardaire. Comme en juin, lorsque Donald Trump avait dénigré une présentatrice de MSNBC: "Arrêtez cela!", avait par exemple tweeté Mme Murkowski.
'Fortes'
Sur la santé, les sénatrices estiment que le projet républicain menace de laisser, à ce stade et comme l'affirment d'ailleurs des projections officielles, des millions de familles américaines sans accès aux soins.
L'opposition de Susan Collins à la réforme de l'assurance maladie remonte à 2015, lorsqu'elle avait voté contre un projet semblable d'abrogation partielle d'Obamacare.
Avec sa collègue, elles sont les seules républicaines à s'être opposées à l'ouverture du débat cette semaine sur l'abrogation, provoquant la colère de Donald Trump.
Lisa Murkowski a "vraiment laissé tomber les républicains et notre pays hier", avait-il écrit sur Twitter.
Les intimidations ont depuis été crescendo. Le secrétaire à l'Intérieur, Ryan Zinke, a par exemple appelé, selon la presse, Mme Murkowski pour la prévenir que Washington était prêt à retirer son financement pour le forage pétrolier en Alaska, ainsi que pour certaines de ses politiques prioritaires.
Les propos ne sont pas tombés dans l'oreille d'une sourde, puisqu'elle préside la Commission du Sénat sur l'énergie et les ressources naturelles. Elle a donc immédiatement retardé plusieurs nominations de l'administration Trump en la matière pour les passer en revue.
Les prises de positions passionnées des deux sénatrices contre leur propre parti et face aux pressions leur a au moins valu le respect de leurs collègues de l'opposition.
"Merci d'être restées fortes tout du long", a par exemple tweeté le sénateur démocrate Michael Bennet.
La sénatrice Mazie Hirono a, elle, affirmé à CNN qu'elle s'était récemment entretenu avec Lisa Murkowski, qui lui a donné un conseil pour gérer les pressions: "Rendre coup pour coup".
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