Mme Inada s'est résolue à quitter le gouvernement après un scandale de non-divulgation de documents relatifs à une mission des forces d'autodéfense, le nom de l'armée japonaise.
Agée de 58 ans, Mme Inada était arrivée en poste il y a moins d'un an. C'est la sixième ministre qui doit partir en raison d'un scandale depuis que Shinzo Abe est revenu au pouvoir fin 2012.
Déjà très critiquée pour diverses gaffes, elle a expliqué "prendre ses responsabilités" après avoir reçu un rapport selon lequel des responsables militaires avaient illégalement dissimulé des comptes-rendus au jour le jour des soldats japonais, dans le cadre d'une mission onusienne de maintien de la paix (PKO) au Sud-Soudan.
Ces documents, qui feraient état de mauvaises conditions de sécurité pour les militaires nippons sur place, ont été présentés comme ayant été détruits. Ils avaient en fait été conservés sans être rendus publics, en violation des lois régissant l'armée de terre.
"Les conclusions de l'enquête interne sont très sévères", a précisé Mme Inada.
Elle affirme cependant, comme depuis le début du scandale révélé par la presse, qu'elle n'a pas été informée de ces faits et n'a en conséquence pas donné son accord pour ne pas publier ces informations. Des sources militaires, elles, prétendent au contraire qu'elle avait été tenue au courant.
Sa démission intervient à moins d'une semaine d'un probable remaniement ministériel, sur fond de déroute dans les sondages du gouvernement de M. Abe, chute imputée en partie à Mme Inada.
Cette dernière n'a cessé depuis des semaines de faire la une des journaux, notamment pour avoir demandé aux électeurs de soutenir la formation conservatrice de M. Abe, le Parti Libéral-Démocrate (PLD), lors du renouvellement de l'assemblée générale de Tokyo, ce "au nom des forces d'autodéfense et au titre de ministre de la Défense".
Abe acculé au changement
M. Abe en personne avait dû s'excuser pour ces propos "inappropriés", mais l'intéressée, une nationaliste convaincue comme lui, avait maintes fois rejeté l'idée de démissionner, et M. Abe celle de la destituer.
Les conclusions de l'enquête sur la mission PKO au Sud-Soudan et la démission annoncée de deux des plus hauts gradés --qui vont être sanctionnés-- ont précipité sa sortie.
"Il y a eu un sérieux et grave problème de gouvernance", a reconnu la ministre.
Le Premier ministre a décidé de confier l'intérim au ministre des Affaires étrangères, Fumio Kishida, jusqu'au remaniement programmé le 3 août selon les médias.
Il est acculé à accélérer les changements au sein de l'exécutif et de son parti, alors que sa cote de popularité s'effondre et que les articles ou éditoriaux négatifs à son encontre se multiplient.
Avant le renoncement de Mme Inada, réclamé depuis des semaines par l'opposition, un autre coup dur avait atteint M. Abe: une défaite historique de sa formation aux élections à Tokyo.
Jamais le PLD, qui domine la vie politique nippone depuis 1955, n'y avait connu un tel fiasco: il n'a réussi à conserver que 23 des 127 sièges de l'Assemblée de la métropole.
C'est le tout jeune parti "Les citoyens de Tokyo d'abord", créé par une autre forte tête, la gouverneure de la capitale Yuriko Koike, qui a infligé ce revers à M. Abe. Une femme à qui l'on prête l'ambition de prendre un jour la place du chef du gouvernement.
Or, M. Abe, lui, se verrait bien en fonctions jusqu'à 2021. Il a même fait modifier les statuts de son parti dans ce but. Pour y parvenir, il faut toutefois qu'il réussisse à être réélu en 2018 à la tête du PLD, ce qui exige qu'il restaure au plus vite la confiance.
Le but ultime du Premier ministre, qu'il porte depuis son premier passage raté à la tête du gouvernement en 2006-2007, est de parvenir à réformer la Constitution pacifiste entrée en vigueur en 1947 et jamais réformée depuis.
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