Par un simple tweet, Donald Trump a mis un coup d'arrêt à un long processus de réforme de l'armée américaine qui a vu la levée de l'interdiction pour les femmes de combattre en première ligne et la possibilité pour les militaires homosexuels de se déclarer ouvertement.
Voici les principaux obstacles que doit surmonter le Pentagone pour appliquer l'interdiction des transgenres dans ses rangs.
Impact juridique ?
Le 30 juin 2016, le ministre de la Défense de Barack Obama, Ash Carter, déclarait que l'armée américaine ne pouvait plus démobiliser ou refuser de recruter quelqu'un sur la base de son identité sexuelle.
Par conséquent, les militaires transgenres encouragés à s'afficher ouvertement, sont maintenant susceptibles d'être sanctionnés, ouvrant un potentiel champ de mines juridique pour le Pentagone.
Plusieurs organisations de défense des droits civiques se préparent déjà à une bataille devant les tribunaux.
"Si ce tweet honteux devient vraiment une politique, nous poursuivrons en justice sans hésiter", a prévenu Jon Davidson, le directeur juridique de l'association de défense des droits Lambda.
Le Pentagone a une longue histoire de politiques d'exclusion, y compris la ségrégation raciale, l'interdiction des homosexuels et l'exclusion des femmes des combats. Ces interdictions ont toutes été abandonnées au fil du temps.
Difficulté de recrutement ?
Le nombre de personnes transgenres est estimé entre 1.320 et 15.000 pour 1,3 million de militaires américains en service actif.
Leur démobilisation peut avoir un impact sur certaines unités, mais les observateurs s'inquiètent surtout des répercussions négatives sur l'image de l'armée, en particulier parmi les jeunes américains qui pourraient hésiter à s'engager dans une institution pratiquant des politiques discriminatoires.
"Choisir les militaires sur d'autres motifs que les qualifications militaires relève de la politique sociale et cela n'a pas de place dans notre armée", a déclaré l'ancien ministre Ash Carter, mercredi.
"Cette décision enverrait également le mauvais signal à une jeune génération qui envisage de servir dans l'armée."
Que va t-il se passer ?
Donald Trump a annoncé sa décision sans aucune coordination apparente avec le Pentagone.
Les chargés de communication du ministère de la Défense étaient mercredi aux abonnés absents et un communiqué censé donner des clarifications sur cette interdiction n'a jamais vu le jour.
Le ministre de la Défense lui-même, Jim Mattis, était en vacances lorsque Donald Trump a envoyé ses tweets et semble n'avoir été informé de cette décision qu'après coup.
Le chef d'état-major inter-armées, le général Joe Dunford, a indiqué jeudi que la politique du Pentagone ne changera pas tant que le président Trump n'aura pas donné d'instructions formelles au ministère.
"En attendant, nous continuerons à traiter tous nos personnels avec respect", a écrit le plus haut gradé de l'armée américaine.
Les directives sur les personnels transgenres étaient toujours sur le site internet du Pentagone, jeudi.
Pourquoi cette interdiction?
Donald Trump a mis en avant dans son tweet "le fardeau des coûts médicaux énormes" et "les perturbations" entraînées par les personnes transgenres dans l'armée.
L'argument du coût des soins médicaux nécessaires pour un changement de sexe des recrues est battu en brèche par une étude du centre de réflexion RAND. Elle l'estime entre 2,4 et 8,4 millions de dollars par an pour un budget total du Pentagone de quelque 600 milliards de dollars.
Plusieurs médias américains affirment que la décision de Donald Trump avait avant tout des motivations politiques.
Un projet de loi budgétaire sur le financement du mur avec le Mexique, comportait également un amendement interdisant à l'armée de payer pour un changement de sexe.
Selon le New York Times, Donald Trump était inquiet que cet amendement ne retarde l'adoption du projet de loi et le financement du mur promis pendant la campagne.
Donald Trump aurait donc réglé le problème est interdisant purement et simplement aux transgenres de servir dans l'armée.
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