Manoeuvrée par une grue du Complexe sidérurgique de Chollima, la poche est inclinée, libérant un métal rougeoyant qui éblouit dans la noirceur de l'usine, au moment où il est coulé dans les moules d'où sortiront des lingots d'acier de plusieurs centaines de kilogrammes.
"Produisons régulièrement des barres métalliques de haute qualité", proclame une bannière accrochée en arrière plan. "Unité résolue", dit une autre.
Avec ses 8.000 employés, l'usine située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Pyongyang est une des plus grandes de Corée du Nord.
Avec ses six hauts fourneaux, le complexe joue un rôle vital pour l'économie d'un des pays les plus isolés au monde. Elle a produit ces trois dernières années une moyenne annuelle de 500.000 tonnes d'acier, affirme l'ingénieur en chef adjoint Kim Gil-Nam.
Un chiffre légèrement inférieur à ceux des années 1980, si on en croit les statistiques affichées dans une galerie réservée aux visiteurs. En 1987 par exemple, 517.944 tonnes auraient été produites.
M. Kim ne dit rien de la capacité théorique de l'usine et de l'évolution à la hausse ou à la baisse de sa production. Quand l'AFP a visité le site, deux des hauts fourneaux étaient en maintenance.
'Protéger le pays'
La Corée du Nord, qui a réussi début juillet son premier tir de missile de missile intercontinental, est sous le coup de multiples résolutions de sanctions internationales du fait de ses programmes nucléaire et balistique.
Et son industrie en pâtit. En raison notamment de la difficulté à trouver des pièces détachées.
La Corée du Nord ne publie aucune statistique économique, pas même son PIB. Impossible donc d'évaluer la production nationale d'acier.
"Protéger le pays", peut-on lire sur l'avant bras gauche de M. Kim. Un souvenir de sa remise de diplôme, renseigne-t-il.
"Notre grand président Kim Il-Sung a construit dans les années 1960 une usine qui peut produire quels que soient le racket et les sanctions", assure-t-il. "Donc bien qu'on dise qu'il nous manque du minerai de fer, que nous manquons de ci et de ça, notre complexe n'a pas vraiment été affecté par les sanctions et le racket des impérialistes américains."
L'usine avait en fait été bâtie en 1939 quand la Corée était occupée par le Japon qui concentrait le développement industriel dans le Nord de la péninsule, considérant le Sud comme voué à l'agriculture.
Détruite pendant la guerre (1950-1953), elle sera reconstruite, agrandie et appelée Chollima, du nom de ce cheval ailé mythique qui est un des emblèmes de la Corée du Nord.
A l'extérieur, une mosaïque montre Kim Il-Sung donnant ses instructions pour la reconstruction du complexe. Dans une vitrine, on peut admirer le bloc de béton où le fondateur du régime se serait assis.
Machine médaillée
Quand elle a été installée, la nouvelle presse à forger de 10.000 tonnes a même reçu la médaille nord-coréenne des Héros du travail.
La résolution 2321 du Conseil de sécurité des Nations unies votée en novembre interdit les exportations nord-coréennes de minerai de fer, sauf à établir que les revenus commerciaux ne sont pas utilisés par Pyongyang pour ses programmes interdits.
Pour autant, le commerce bilatéral entre le Nord et la Chine, son principal allié, partenaire commercial et protecteur diplomatique a augmenté de janvier à mai, et ce malgré les demandes répétées des Etats-Unis pour que Pékin mette au pas son turbulent voisin.
Selon les douanes chinoises, 100.000 tonnes de fer et d'acier nord-coréens ont été importées au cours de ces cinq mois, pour un montant de 30 millions de dollars.
La banque centrale sud-coréenne a estimé cette semaine que le PIB du Nord avait progressé de 3,9% en 2016, soit le rythme de croissance le plus élevé en 17 ans. La production des industries lourdes et chimiques nord-coréenne a augmenté de 6,7% en 2016, selon les estimations du Sud.
M. Kim assure que toute la production du Complexe de Chollima est pour le marché nord-coréen.
Il s'est dit incapable d'affirmer que de l'acier sorti de son usine soit entré dans la construction du missile intercontinental tiré le 4 juillet, et qui était un "cadeau" aux "salauds d'Américains" selon le leader nord-coréen Kim Jong-Un.
Il a expliqué que cette question relevait de la sécurité nationale.
"Mais comme nous produisons de l'acier, j'imagine que nous avons contribué", a-t-il dit.
"Toute la communauté internationale parle de notre lancement d'un missile intercontinental. Il ne fait pas seulement la fierté de notre complexe, mais aussi de toute la population."
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