Les antichavistes (du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, dont Nicolas Maduro est l'héritier) considèrent que les modalités de ce scrutin ne sont pas équitables et favorisent le camp au pouvoir.
Ils voient dans ce projet de réécrire la Constitution un moyen pour M. Maduro de se cramponner au pouvoir, de contourner le Parlement élu et d'éviter l'élection présidentielle de fin 2018.
Quelque 70% des Vénézuéliens sont opposés à l'assemblée constituante, selon l'institut de sondage Datanalisis.
Signe de la tension ambiante et des craintes de nouvelles violences, les Vénézuéliens cherchaient à faire le plein de provisions.
"J'ai acheté de la nourriture qui ne se périme pas: des conserves et des surgelés (...). Il faut se préparer pour ne pas mourir de faim", a déclaré à l'AFP Eugenia Santander, dans l'ouest de Caracas.
A la frontière avec la Colombie, tels des fourmis chargées de pesantes valises, des milliers de Vénézuéliens, décidés à émigrer ou à se réapprovisionner, traversent la frontière avec la Colombie, inquiets que la crise dans leur pays n'empire avec l'élection de dimanche.
"On a dû avancer le voyage, car les élections ont lieu dimanche et on ne sait vraiment pas ce qui va se passer. Pour être plus en sécurité, on a préféré passer" de l'autre côté, a déclaré à l'AFP Maria de los Angeles Pichardo, qui est arrivée mardi côté colombien, au côté de son époux et de son fils.
Monter en puissance
Les antichavistes comptent monter en puissance au fil de cette semaine.
Outre l'appel au boycott de l'élection de la Constituante, dimanche, l'opposition à également prévu une grande manifestation à Caracas vendredi.
Le dirigeant de l'opposition Henrique Capriles a appelé les Vénézuéliens à "donner le tout pour le tout" lors de la grève de mercredi et jeudi et de la marche de vendredi. "Maduro veut isoler le Venezuela du monde démocratique", a-t-il averti.
La procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, principale figure de la dissidence au sein du camp chaviste, a elle aussi appelé les citoyens à la mobilisation contre l'assemblée constituante et a dénoncé "les persécutions et les abus" commis par le pouvoir.
Dès lundi, les opposants étaient mobilisés pour perturber l'élection. "Nous ne voulons pas être Cuba", pouvait-on notamment lire sur des affiches qui ont commencé à fleurir sur les murs de centres électoraux à travers le pays.
Certaines écoles dans lesquelles seront installées les urnes du scrutin étaient déjà gardées par l'armée, soutien clé du gouvernement.
Les principales centrales syndicales ont apporté leur soutien à la mobilisation lancée par l'opposition. "Cela va au delà des revendications syndicales", a déclaré la dirigeante syndicale Marcela Maspero. "C'est une grève historique qui tente d'arrêter la tyrannie".
Mais le gouvernement contrôle la très stratégique industrie pétrolière et la fonction publique, qui compte près de trois millions d'employés.
Simultanément, la pression internationale sur Caracas a augmenté ces derniers jours. Washington a menacé le président Maduro de sanctions, et plusieurs gouvernements d'Amérique latine et d'Europe l'ont appelé à renoncer à son assemblée constituante.
Juges arrêtés
Mais le président vénézuélien, dont le mandat s'achève en janvier 2019, a réaffirmé sa détermination, sommant l'opposition de "respecter le droit du peuple à voter librement" et "sans violence".
La Table de l'unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition, organise depuis près de quatre mois des manifestations presque quotidiennes contre M. Maduro, dont elle réclame le départ.
Depuis le début de cette vague de manifestations, 103 personnes ont été tuées et des milliers blessées. On dénombre également des centaines d'arrestations.
Une grève générale de 24 heures convoquée par l'opposition a eu lieu jeudi dernier. La MUD a assuré qu'elle avait été suivie à 85%, alors que M. Maduro et d'autres responsables gouvernementaux ont affirmé qu'elle avait été un échec.
L'opposition a lancé vendredi une autre initiative en signe de défi envers le pouvoir en élisant une Cour suprême parallèle.
Les antichavistes, qui contrôlent le Parlement depuis les élections législatives de décembre 2015, ne reconnaît pas la légitimité de l'actuel Tribunal suprême de justice (TSJ, Cour suprême).
Ils ont donc élu 33 nouveaux magistrats pour constituer un TSJ parallèle.
Le TSJ a répliqué en déclarant que la formation de cette institution parallèle était constitutive des délits d'"usurpation de fonctions" et de "trahison de la patrie", punissables de peines de prison. Trois de ces juges ont déjà été arrêtés.
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