Le prélat de 76 ans, l'un des plus proches conseillers du pape, était rentré il y a deux semaines de Rome pour répondre à sa convocation en justice dans la grande ville du sud-est de l'Australie.
Le responsable des finances du Vatican avait été inculpé fin juin pour "des délits d'agressions sexuelles anciennes", selon la police australienne qui avait fait état de "nombreux plaignants" mais n'avait livré aucune précision sur les faits supposés ni l'âge des victimes présumées.
La mine sombre et l'allure frêle, le cardinal a assisté mercredi à l'audience avec son avocat, le ténor Robert Richter, qui a déclaré au tribunal que son client était innocent, et ce même si on ne lui demandait pas à ce stade de la procédure de plaider coupable ou non coupable.
"Pour lever toute incertitude et en raison de l'intérêt, j'indique que le cardinal Pell plaide non coupable de toutes les accusations et rappelle qu'il est présumé innocent", a déclaré l'avocat au tribunal, selon la chaîne nationale de télévision ABC.
Le cardinal ne s'est pas exprimé pendant cette audience. Le président du tribunal Duncan Reynolds, qui a précisé que les preuves rassemblées par les enquêteurs devaient lui être soumises le 8 septembre, a fixé la prochaine audience au 6 octobre.
'Procès spectacle'
M. Pell est également demeuré silencieux quand, escorté par des policiers, il a fendu la foule de journalistes dans une cohue rare. Sa sortie du tribunal a déclenché une même bousculade chez les photographes et reporters présents.
"Procès spectacle", "Innocent", clamaient ses partisans sur le trajet d'une centaine de mètres séparant le tribunal du cabinet de son avocat.
Le cardinal Pell n'était pas tenu d'assister à cette audience préliminaire très procédurale. Mais le prélat, qui rejette catégoriquement ces accusations, a toujours affirmé son intention de se battre pour laver son honneur.
"Je suis innocent, ces accusations sont fausses", avait martelé fin juin l'argentier du Saint-Siège dans une courte déclaration lue devant la presse au Vatican, le jour de son inculpation.
"L'idée même d'abus sexuel m'est odieuse", avait-il ajouté, dénonçant une entreprise "sans relâche de démolition de (son) image" durant l'enquête. "J'ai toujours été complétement cohérent et clair dans mon rejet total de ces allégations."
La hiérarchie de l'Eglise australienne s'est portée au secours de son plus éminent représentant, présentant le cardinal comme un "homme on ne peut plus honnête".
En dépit de sa très haute fonction au Vatican, aucune disposition particulière n'avait été prise au tribunal, où M. Pell est entrée par l'accès normal, où il a dû se plier aux contrôles de sécurité.
Le pape François lui a accordé un congé pour lui permettre d'assurer sa défense, ce qui lui évite de devoir démissionner.
Ce scandale n'en a pas moins provoqué une onde de choc, puisque M. Pell est le plus haut représentant de l'Eglise inculpé dans une affaire de crime sexuel.
L'annonce de son inculpation avait coïncidé avec la fin, par ailleurs, d'une longue enquête nationale portant sur les réponses institutionnelles apportées en Australie aux abus sexuels commis sur des enfants, finalement demandée par le gouvernement en 2012 après une décennie de pressions de la part des victimes.
La commission d'enquête royale ayant conduit pendant quatre ans ces investigations avait recueilli des témoignages éprouvants de milliers de victimes.
Le cardinal Pell avait été entendu trois fois dans ce cadre et avait reconnu devant la commission d'enquête avoir "failli" dans sa gestion des prêtres pédophiles dans l'Etat de Victoria dans les années 1970.
L'ecclésiastique avait été ordonné prêtre en 1966 à Rome, avant de revenir en Australie en 1971 où il avait gravi les échelons de la hiérarchie catholique.
Nommé archevêque de Melbourne en 1996, puis de Sydney en 2001, il avait été accusé en 2002 d'abus sexuels pour des faits présumés très anciens mais avait été innocenté par la suite.
Il avait été choisi en 2014 par le pape François pour mettre davantage de transparence dans les finances du Vatican.
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