Après un festival porté par la figure de "femmes puissantes", le directeur du festival Olivier Py entrevoit pour 2018 "une thématique du genre, de la trans-identité, de la transsexualité, de l'image qu'on donne de soi-même et de la liberté d'être soi-même".
Il a évoqué une édition 2017 "plus apaisée" que l'an dernier, oubliant au passage la polémique critique qui a entouré sa propre pièce, "Les Parisiens".
Retour sur cette édition 2017:
Découvertes
"Saïgon" de la jeune metteuse en scène Caroline Guiela Nguyen, qui suit les destinés des "Viet-kieu", ces exilés qui ont quitté l'Indochine française, dans le décor d'un restaurant vietnamien a bouleversé les festivaliers avec sa nostalgie poignante.
Les deux jeunes Françaises du Birgit Ensemble ont relevé le défi de décrypter les faillites européennes avec un diptyque ambitieux: "Memories of Sarajevo" et "Les Ruines d'Athènes", où la dette grecque est traitée comme un jeu de télé-réalité avec un humour dévastateur.
Et "Sopro" du Portugais Tiago Rodrigues, autour de la souffleuse du théâtre national de Lisbonne, a fait souffler un vent de poésie.
Pour sa première venue à Avignon, le chorégraphe grec Dimitris Papaioannou a saisi les spectateurs avec "The Great Tamer", une danse macabre qui convoque des images superbes inspirées des plus grands peintres.
Bluffés
Par la magnifique leçon de théâtre de l'Allemand Frank Castorf, d'après "Le Roman de Monsieur de Molière" de Boulgakov. Restera l'image de la roulotte géante de Jean-Baptiste Poquelin dans la nef du Parc des expositions, et du jeu débridé des acteurs de la Volksbühne, que Castorf quitte cette année après un quart de siècle.
Le somptueux miroir d'eau d'"Antigone" de Satoshi Miyagi dans la Cour d'honneur du Palais des papes a créé l'enchantement, même si le texte semblait passer au second plan.
La maison de verre grandeur nature d'"Ibsen huis" de l'Australien Simon Stone, où se déchirent trois générations d'une famille toxique, a également époustouflé les spectateurs.
Divisés
A chaque festival sa polémique: après un "Roi Lear" très contesté il y a deux ans, c'est de nouveau la pièce de 4h30 du directeur Olivier Py, "Les Parisiens", qui a divisé: "Lyrisme ampoulé de pacotille" pour La Croix, "spectacle plein d'aigreur et de cynisme" pour Le Monde, "La débandade" pour le Figaro ... De son coté, Télérama saluait "une belle ivresse de théâtre" tandis que pour L'Humanité, "au mépris du bon goût, le directeur du festival s'en donne à coeur joie dans la défense d'un théâtre de verbe haut, jusqu'au vertige."
L'humanité mise à nu par l'Italienne Emma Dante, avec 14 danseurs dans le plus simple appareil se débattant sur un plateau hostile, n'a pas convaincu toute la critique mais a été très bien reçue.
En colère
L'Afrique en colère a surtout trouvé son expression à travers la danse: dans "Unwanted", la Rwandaise Dorothée Munyaneza a donné la parole aux femmes victimes de viols pendant le génocide du Rwanda.
Si le spectacle du Sud-africain Boyzie Cekwana sur un roi bouffon inspiré par la figure du président Jacob Zuma a pâti de l'absence d'un musicien, hospitalisé à Marseille, la pièce explosive du Burkinabè Serge Aimé Coulibaly sur "Kalakuta Republik", la résidence mythique du chanteur Fela Kuti, a emporté tous les suffrages.
Déçus
Curieusement, ce sont des figures de la scène internationale qui n'ont pas convaincu: le public de la Cour d'honneur n'a pas apprécié le flamenco très contemporain, épuré jusqu'à l'os, de "La Fiesta" du Sévillan Israel Galvan, qui aurait sans doute été mieux apprécié dans un lieu plus intime. Et avec sa version sophistiquée mais finalement très classique des "Bonnes", la Britannique Katie Mitchell n'a pas réitéré le choc de "Mademoiselle Julie" en 2011 à Avignon.
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