Dans cet été particulièrement sec, il manque à l'Italie l'équivalent de 20 milliards de mètres cubes d'eau, soit l'équivalent du lac de Côme, estiment les experts.
Au plan national, les températures moyennes depuis le début de l'année sont supérieures de 0,9 degrés aux normales saisonnières.
Selon les services de la météorologie nationale, l'Italie a connu le printemps le plus doux, et le deuxième plus sec, depuis 60 ans, ce qui se traduit par "un déficit en pluie de 33% par rapport à la moyenne sur les six premiers mois de l'année". Et les autorités ne prévoient pas de baisse notable des températures ou de précipitations dans les prochains jours.
Le ministre de l'Environnement, Gian Luca Galletti, se veut toutefois rassurant. "Ne créons pas d'alarmisme, nous avons jusqu'ici évité les situations d'urgence grâce à notre action de surveillance et nous verrons en fonction de l'évolution des conditions atmosphériques dans les prochains jours", a-t-il déclaré dimanche.
La situation du fleuve Po, le plus long d'Italie dont dépend 35% de la production agricole nationale, est jugé particulièrement préoccupante avec un niveau inférieur de 50 cm par rapport à l'an passé à la même période, selon la Coldiretti, le plus important syndicat agricole du pays.
L'organisation a estimé que les pertes subies par les agriculteurs et les éleveurs "dépasseraient les deux milliards d'euros", les deux-tiers du territoire se trouvant en situation de "difficulté hydrique".
La production de céréales est ainsi en baisse de 30% en Lombardie, les vignes ont souffert dans Nord-est, tout comme les champs d'oliviers dans les Pouilles et en Calabre ou encore les tomates et les fruits en Emilie-Romagne.
Au total, dix des vingt régions italiennes ont réclamé que soit décrété l'état de calamité naturelle qui prévoit notamment la suspension du paiement des taxes pour les agriculteurs ainsi que l'accès à un fonds d'indemnisation.
Rome rationnée ?
Mais l'agriculture n'est pas la seule à être touchée. Les grandes villes le sont aussi, à commencer par Rome qui envisage de rationner l'eau potable à partir de samedi pour 1,5 million de ses habitants, les interruptions préconisées pouvant aller jusqu'à huit heures par jour.
Samedi, c'est le président de la région du Latium, Nicola Zingaretti, qui a lancé l'alerte en raison du niveau excessivement bas du lac de Bracciano, situé à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale, et qui contribue pour 8% de son alimentation en eau.
Qualifiant la situation de "grave" et considérant qu'il y a avait "un risque de catastrophe écologique", l'élu a ordonné l'arrêt de la captation d'eau dans le lac.
Une décision aussitôt contestée par le gestionnaire de l'eau potable de la métropole romaine, l'Acea, qui la considère comme "un acte illégitime, anormal et inutile par rapport à l'objectif de préservation du lac", selon son patron Paolo Saccani.
"Il n'y a pas d'alternative: soit l'ordonnance est retirée et nous continuons à prélever l'eau de Bracciano, soit nous serons contraints à procéder à des coupures par rotations (par quartiers) ou à des baisses de pression", a-t-il indiqué.
L'ensemble des parties devait se réunir mardi au Capitole, à l'initiative de la maire Virginia Raggi (Mouvement 5 étoiles, populiste), afin de trouver une solution permettant d'éviter les coupures d'eau pour quelque 1,5 million de Romains sur les près de trois que compte la métropole.
Le Vatican a, quant à lui, pris les devants en décidant lundi de fermer ses fontaines, qu'elles soient situées à l'extérieur, sur la célèbre place Saint-Pierre, ou dans ses jardins.
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