"La où est passé le feu, ça ressemble à la Berezina, il n'y a plus rien, c'est brûlé". Les deux caps, cap Taillat et cap Lardier, sont dévastés, dit-il. "C'est tout noir, voir ces pins parasols tout calcinés, c'est vraiment atroce !"
Incapable encore d'en parler au passé, il décrit "l'un des plus beaux sites d'Europe, sauvage, très beau avec ce vert (de la forêt) et ce bleu (de la mer), et une faune endémique".
Plus de 200 personnes ont été évacuées la veille et une trentaine a dormi dans une salle polyvalente. "Sont restés ceux qui se sentaient plus en sécurité et qui étaient traumatisés", dit M. Carandante.
Les autres ont profité de la solidarité des habitants qui ont répondu à l'appel de la mairie lancé sur les réseaux sociaux. Les dégâts matériels sont limités, un cabanon à La Croix-Valmer et une maison à Ramatuelle ont brûlé.
A 80 km de là, toujours dans le Var, 300 hectares de forêts de pins et de chênes sont aussi partis en fumée : le feu a pris lundi vers 21H30 sur une départementale entre Rians et Saint-Maximin-La-Sainte-Baume.
"Cette année, la forêt n'a pas été entretenue, il n'y a pas eu de débroussaillement", se désole mardi Gabriel Magne, le maire d'Artigues (Var) d'où est parti le feu.
Huit camions de pompiers ont lutté toute la nuit contre les flammes en vain et tous sont partis mardi matin vers la Croix-Valmer, raconte M. Magne.
"On n'a plus de camions, ils sont tous partis ! Le vent ne se calme pas, ça s'arrête et ça reprend !", s'alarme le maire d'Artigues.
Le dernier incendie dans sa commune de 291 habitants remonte à 2001. Pour l'instant, aucune habitation n'est menacée.
Pour expliquer le manque de débroussaillement, un éleveur local, Gilbert Villa, met en cause la présence du loup. "Avec les loups, on ne peut plus aller en forêt et faire le débroussaillement. Avec les troupeaux, on était payé pour débroussailler les pare-feux. Cela fait deux ans que j'ai arrêté à cause des loups", dit-il à l'AFP.
'Les terres s'embroussaillent'
"Depuis les années 1970, les paysages du sud-est deviennent plus favorables aux incendies", relève de son côté Thomas Curt, directeur de recherche à l'Irstea, un institut public. "L'agriculture recule, la forêt s'étend naturellement et les terres +s'embroussaillent+", relève-t-il, tout en soulignant que "les gens ont envie d'habiter près de la forêt", et les constructions à risque, en bordure des forêts ou des garrigues, pullulent. "Plus vous avez de maisons, de lignes électriques, de routes, et plus vous avez de départs de feu", déplore le chercheur.
A La Croix-Valmer, le feu sévit dans une zone parsemée d'habitations, ce qui a rend la tâche des secouristes complexe, a expliqué le préfet de la zone sud Stéphane Bouillon.
Au carrefour qui permet de gagner Ramatuelle par la route touristique, un cordon de policiers empêchait en fin de matinée les voitures de s'engager vers La Croix-Valmer, ne laissant passer que les riverains, car plus loin, dans le haut du quartier de Gigaro, là où plusieurs habitations ont été évacuées, la route est bloquée.
Les autres routes du golfe de Saint-Tropez restaient par ailleurs ouvertes et offraient leur visage habituel en plein coeur de l'été : gros embouteillages, cyclistes en short sur les bas-côtés, et touristes du monde entier, dans une apparente tranquillité.
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