Fayez al-Sarraj, ex-homme d'affaires qui peine à fédérer
Issu d'une grande famille conservatrice et aisée de Tripoli, cet architecte de formation s'est lancé tard dans la politique après avoir réussi dans le secteur public puis dans les affaires.
Agé de 57 ans, élégant et moustachu, il était plutôt méconnu hors de la capitale libyenne quand il a été nommé chef du gouvernement d'union (GNA) en décembre 2015.
Si son père Mostafa a été l'un des pères fondateurs de la Libye indépendante en 1951, Fayez al-Sarraj n'a rejoint la politique qu'en juin 2014, en étant élu au Parlement.
Ses vrais débuts politiques ont toutefois lieu en mars 2016, quand il arrive à Tripoli comme chef du GNA, avec une certaine audace et malgré l'opposition des autorités alors en place.
Ce père de trois filles, marié à une architecte, endosse un costume de leader politique et rallie alors des autorités économiques et politiques de la capitale.
Si un ami de jeunesse le décrit comme un homme dont "la bonté ne l'empêche pas d'être ferme et de dire ce qu'il pense", Fayez al-Sarraj a jusqu'à présent échoué à convaincre nombre d'acteurs de la crise libyenne de sa légitimité.
Il peine à asseoir son autorité sur l'ensemble du pays et se heurte toujours à l'opposition des autorités basées dans l'Est, dont l'homme fort est le maréchal Khalifa Haftar.
Depuis un an et demi, le principal succès de cet homme qu'un autre ancien camarade de jeunesse décrit comme "très calme", a été la reprise de Sirte aux jihadistes du groupe Etat islamique grâce à des forces ralliées au GNA.
Un succès militaire qui cache mal plusieurs échecs, dont la perte de terminaux pétroliers au profit de forces pro-Haftar ou l'incapacité à alléger les difficultés quotidiennes des Tripolitains.
En perte de vitesse, il a vu son rival Khalifa Haftar revenir dans le jeu libyen sans parvenir à rendre coup pour coup.
Khalifa Haftar, le militaire qui se veut incontournable
L'homme fort de l'est libyen suscite admiration, notamment pour ses succès contre les islamistes, mais aussi rejet, ses rivaux l'accusant notamment de vouloir établir une nouvelle dictature militaire.
Cheveux blancs contrastant avec ses sourcils noirs et sa fine moustache, M. Haftar, né en 1943, aime se présenter comme un "sauveur" de la Libye en rempart contre le terrorisme.
Et la récente reprise annoncée de Benghazi (est) aux jihadistes, après plus de trois ans de combats meurtriers, n'a fait que renforcer l'aura du chef de l'autoproclamée armée nationale libyenne (ANL), spécialement dans sa Cyrénaïque natale.
Appuyé dans l'est libyen par un Parlement élu et un gouvernement parallèle qui refusent l'autorité du GNA, il est sorti de l'ombre au début de la révolte contre le régime de Kadhafi en 2011 à laquelle il a pris part.
Quatre décennies plus tôt, ce soldat formé dans l'ancienne Union soviétique, avait adhéré au coup d'Etat militaire de 1969 qui avait renversé la monarchie et mené Kadhafi au pouvoir.
Fait prisonnier pendant la guerre libyo-tchadienne (1978-1987), il est alors lâché par Kadhafi, qui affirme qu'il ne fait pas partie de son armée.
Les Américains parviennent à le libérer, lors d'une opération qui reste aujourd'hui encore une énigme, et lui accordent l'asile politique. Il rejoint alors le mouvement de l'opposition libyenne à l'étranger.
Après plus de vingt ans d'exil, M. Haftar retourne en 2011 à Benghazi, la grande ville de l'est libyen. Cette même année, peu après la chute de Kadhafi, environ 150 officiers et sous-officiers le proclament chef d'état-major.
Promu maréchal en 2016 par le chef du Parlement qui soutient les autorités de l'est libyen, Haftar s'est rapproché de la Russie quand les Occidentaux soutenaient son rival Fayez al-Sarraj.
"Il semble que les étoiles commencent à s'aligner en faveur de Haftar" remarquait en début d'année Mattia Toaldo, expert au Conseil européen des relations extérieures.
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