La Table de l'unité démocratique (MUD), coalition de l'opposition, a appelé pour ce samedi à plusieurs rassemblements dans la capitale et dans d'autres villes du pays.
"Nous soutenons les nouveaux magistrats (désignés par l'opposition, ndlr), pour que soit rendue son indépendance au TSJ, qui est aujourd'hui aux ordres de Maduro", a expliqué à l'AFP Luis Torrealba, un manifestant de 43 ans à Caracas accompagné de sa femme et de son fils.
Décidés à ne pas faire retomber la pression sur le gouvernement, les députés de l'opposition avaient en effet organisé vendredi une session parlementaire dans la rue pour "nommer" 33 magistrats à la Cour suprême (TSJ).
L'opposition estime que les 33 juges actuels ont été désignés de façon irrégulière par l'ancienne majorité chaviste (du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013, dont Nicolas Maduro est l'héritier). Le TSJ a mis en garde contre cette initiative de l'opposition, qui constitue selon lui une "trahison de la patrie" passible de peines de prison.
Plus de 100 morts
Parallèlement, les appels lancés au président vénézuélien à rétablir l'Etat de droit dans son pays se multiplient au sein de la communauté internationale.
Réunis vendredi à Mendoza en Argentine, les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay, le Venezuela étant suspendu de cette organisation depuis décembre) ont ainsi adressé une demande en ce sens à M. Maduro.
Le nombre des morts dans les violences liées à l'actuelle crise politique s'élève pour l'heure à 103 et le ton monte non seulement dans la région, mais aussi aux Etats-Unis et en Europe.
L'opposition manifeste quasi-quotidiennement depuis fin mars pour dénoncer la gestion actuelle du Venezuela et réclamer une élection présidentielle anticipée. Les défilés ont souvent été marqués par des confrontations entre protestataires et forces de l'ordre.
En mai, l'annonce de la convocation d'une Assemblée constituante par Nicolas Maduro avait amplifié la colère de l'opposition. Le 30 juillet, les 545 membres de cette instance doivent être élus avec pour mission de réécrire la Constitution adoptée en 1999 sous M. Chavez.
L'opposition vénézuélienne estime que cette mesure permettra de contourner le Parlement, où elle est majoritaire depuis les élections de décembre 2015.
Quelque 70% des Vénézuéliens sont opposés au projet d'Assemblée constituante, selon l'institut de sondage Datanalisis. Un rejet confirmé par la quasi-totalité des 7,6 millions de personnes (sur 19 millions d'électeurs potentiels) qui ont participé à la consultation symbolique organisée par l'opposition le 16 juillet.
Maduro sur Twitter
Le Venezuela a par ailleurs été en partie paralysé jeudi par une grève générale déclenchée par les antichavistes.
Barricades pour bloquer les rues, commerces fermés, transports à l'arrêt : le mouvement a pris fin vendredi à 10h00 GMT.
Cinq personnes ont été tuées au cours de la grève générale, selon le parquet, et l'ONG Foro Penal a annoncé que 367 personnes avaient été arrêtées.
L'opposition a assuré que son appel avait été largement suivi, avec "85% de participation", selon le député Freddy Guevara, vice-président du Parlement.
Pour tenter de prouver le contraire, M. Maduro a diffusé une série de vidéos sur son compte Twitter. On le voit circuler jeudi en début d'après-midi dans les rues du centre de Caracas au volant de son véhicule tout en commentant l'"échec" de la mobilisation.
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