C'est dans le village de La Grave (Hautes-Alpes), face à l'un des plus puissants glaciers des Alpes que le festival "Messiaen au pays de la Meije" vient s'accrocher du 22 au 30 juillet. Là où l'artiste venait puiser son inspiration. Dès vendredi, un prélude se tiendra dans la Maison Messiaen, au bord du lac de Laffrey (Isère).
En 1998, pour sa première édition, "c'était deux jours et quatre concerts. Nous en sommes à neuf jours et une quinzaine de concerts", se réjouit Gaëtan Puaud, directeur artistique du festival qui "n'était pas prédestiné à le créer".
Mais passionné de musique et de celle de Messiaen en particulier, il découvre dans ses lectures l'attachement du maître pour ces "paysages puissants et solennels (qui) sont sa vraie patrie -- selon ses termes -- " et s'y rend en famille pour soigner l'asthme de son fils.
L'idée du festival germe, M. Puaud rencontre Messiaen qui l'encourage mais décède en 1992. Sa veuve et principale interprète, la pianiste Yvonne Loriod, soutient ensuite ce projet un peu fou. Il ne s'agit pas de déplacer les montagnes mais d'en faire l'écrin des compositions de l'apôtre des sons-couleurs.
Depuis sa genèse, le festival repose sur un triptyque: "les concerts, bien sûr, les conférences sur les oeuvres car on a besoin de clés pour rentrer dans l'univers de Messiaen, et les randonnées car il était un grand marcheur, amoureux de la nature et même ornithologue", explique Gaëtan Puaud.
La légende de Messiaen veut qu'il ait écouté, retranscrit et intégré dans ses oeuvres des chants d'oiseaux du monde entier, parcourant la planète pour les entendre comme pour la fauvette gerygone de l'île des Pins en Nouvelle-Calédonie. Ses 250 carnets de notation de chants d'oiseaux ont été déposés à la BNF.
Un lieu de création
"Des canyons aux étoiles", une de ses oeuvres incorporant les chants d'une cinquantaine d'oiseaux différents de l'Etat américain de l'Utah, où il se rendit en 1972-73, sera interprété dimanche à la collégiale de Briançon par la cinquantaine de musiciens de l'Orchestre de Poitou-Charentes et Wilhem Latchoumia en soliste au piano.
Quand le festival a gagné en notoriété, l'idée a été d'inviter des élèves de Messiaen, devenus compositeurs à leur tour: Pierre Boulez en 2010, ou encore Tristan Murail, ce "voyageur du son" en résidence cette année.
Murail, qui fêtera ses 70 ans, a d'ailleurs participé, en juin, à trois semaines de rencontres musicales dans les écoles du Briançonnais, initiant près de 800 écoliers à cette musique contemporaine.
Car si le festival connaît une renommée internationale, les habitants de la vallée ne représentent que 10% des 5.000 spectateurs attendus. Ils seront peut-être présents à l'église de La Grave pour le concert de clôture: des extraits de l'opéra Saint-François d'Assise, dans lequel Messiaen avait mis "toute sa spiritualité (chrétienne), les oiseaux et une synthèses de ses couleurs".
Mais "20 ans, ce n'est pas nostalgique ! On n'a jamais été aussi créatif: nous présenterons huit créations, pour la plupart des commandes directes du festival. Après le festival Musica de Strasbourg, c'est le deuxième lieu de création contemporaine en France", assure Gaëtan Puaud.
Il y aura donc les nouveautés de Tristan Murail ou de Franck Bedrossian comme de tout jeunes musiciens à l'instar de Bastien David, 22 ans et encore élève au conservatoire de Paris. Là où enseigna Messiaen.
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