Comme largement attendu, l'institution monétaire de Francfort a maintenu à zéro son principal taux directeur, qui fait référence pour le crédit en zone euro. Le taux de prêt marginal a quant à lui été laissé à 0,25% et le taux de dépôt au jour le jour à -0,4%, a annoncé une porte-parole à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs à Francfort (ouest de l'Allemagne).
Les taux sont à ces plus bas niveaux historiques depuis mars 2016.
La BCE n'a pas modifié non plus son programme massif de rachats de dettes, dont elle se laisse toujours la possibilité d'accroître le montant -aujourd'hui de 60 milliards d'euros par mois- ou la durée si nécessaire. Certains analystes escomptaient une disparition de la référence à une possible hausse du volume des rachats d'actifs, ce qui aurait donné le signal que ce programme, surnommé "QE", avait atteint son apogée.
Tous les regards sont à présent tournés vers le président de la BCE Mario Draghi, qui doit tenir une conférence de presse en milieu de journée.
Il ne lui reste que trois réunions du conseil d'ici la fin de l'année pour expliquer comment et quand la BCE va réduire son programme de QE, l'une des mesures phare mises en place pour aider l'économie de la zone euro et bannir le spectre de la déflation.
Rassurer les marchés
Le patron de la BCE sait qu'il marche sur des oeufs.
Fin juin, il avait provoqué une mini-panique en semblant se montrer plus confiant sur la reprise à venir de l'inflation. Les marchés avaient décelé dans ses propos le signe d'une sortie plus rapide qu'anticipé jusqu'ici de la politique ultra-accommodante.
Mais "la BCE ne semble pas pressée de se diriger vers le +tapering+", une réduction progressive de sa politique exceptionnelle de soutien à l'économie, note jeudi Carsten Brzeski, chef économiste d'ING-diba. La décision de ne toucher à rien jeudi est le signe qu'elle cherche à rassurer les marchés, ajoute-t-il.
La BCE a déjà commencé lors de sa dernière réunion en juin à doucement préparer les esprits à un durcissement de sa politique monétaire.
Face à une reprise plus ferme en zone euro, elle cherche en fait un moyen de la "normaliser", une démarche déjà entamée outre-atlantique par son homologue, la Réserve fédérale (Fed).
Mais avec une inflation à 1,3% seulement en juin confirmée lundi, la BCE est loin d'avoir atteint son objectif de stabilité des prix, fixé à un peu moins de 2% sur le moyen terme.
La mission première de l'institution européenne est d'atteindre cette cible, tandis que la Fed a aussi des objectifs en matière d'emploi et de conjoncture.
"Les doutes demeurent sur la capacité de la relance économique en zone euro d'entraîner une reprise des prix toute seule, sans le soutien de la BCE", souligne Kristian Tödtmann de la banque Deka.
"C'est pourquoi la BCE va devoir normaliser sa politique monétaire de façon très prudente", pointe l'économiste.
Rendez-vous en septembre
Pour la plupart des économistes, la BCE attendra sa réunion du mois de septembre avant d'en dévoiler plus sur ses intentions concrètes concernant le programme de "QE".
Les économistes n'attendent en revanche aucun mouvement sur les taux avant très longtemps. Le principal taux est à zéro et celui sur les dépôts à -0,40%.
La BCE a déjà indiqué qu'un durcissement des conditions du crédit n'interviendrait que bien après la fin du programme de "QE".
D'autres banques centrales ont laissé passer six mois après la fin du programme de QE avant de relever leur taux, ce qui suggère que la BCE ne toucherait pas aux siens avant la fin 2018.
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