Quelques minutes de grâce sur le parvis des droits de l'homme au Trocadéro pour délivrer un message de paix, sur une chanson spécialement écrite pour lui et interprétée par le chanteur Sanga, un de ses admirateurs devenu son ami, et une chorale gospel.
"Le début de nombreux autres spectacles ensemble", espère le danseur de 27 ans, pour la première fois à Paris. "J'ai envie de donner une bonne image des jeunes Syriens. Il n'y a pas que l'Etat islamique, il y a aussi des jeunes qui boivent et qui dansent", explique-t-il à l'AFP, dans un très bon anglais et devant une bière.
L'histoire d'Ahmad Joudeh, réfugié palestinien qui a grandi dans le camp de Yarmouk en Syrie, a fait le tour du monde.
D'abord repéré en 2014 dans un télé-crochet ("So you think you can dance") pour découvrir les danseurs du monde arabe, il accède à la notoriété deux ans plus tard grâce un reportage d'un journaliste néerlandais vu des millions de fois sur internet et les réseaux sociaux, intitulé "Dance or die".
"Danser ou mourir". Comme la devise qu'il s'est fait tatouer en sanskrit, dans le cou. "A l'endroit où on tranche les têtes", explique celui qui était menacé de mort en Syrie par l'EI.
Dans ce reportage très émouvant qui a bouleversé sa vie, Ahmad explique son amour de la danse avec en arrière-fond des bruits de tir. Il danse sur les toits d'immeubles délabrés, au milieu des ruines de Palmyre, ville prise et reprise par l'Etat islamique et théâtre d'exécutions.
"Aider les gens"
"J'ai toujours dansé pour faire face aux difficultés de la vie", explique le jeune homme, tout juste débarqué d'Amsterdam, où il vit désormais.
Déjà enfant, il a dû se battre et subir les coups de son père qui s'opposait à sa vocation. "C'est la première fois que je me suis dit, c'est +la danse ou la mort+", affirme-t-il.
Résolu à faire oublier à l'école qu'il est un réfugié, sans passeport, ni nationalité, Ahmad veut s'imposer dans cette discipline qui lui apporte "bonheur" et "liberté".
Il se forme pendant des années à la principale compagnie de danse de Syrie et à l'Institut des arts dramatiques de Damas. Durant son temps libre, il transmet sa passion à des enfants.
La guerre, la mort de proches et les menaces n'entame en rien sa détermination. Au contraire. Les drames vécus et les horreurs vues nourrissent son art, comme ce mouvement d'un corps tombant à la renverse qu'il utilise pour "se sortir des trucs de la tête", souffle-t-il.
Repéré par les dirigeants du ballet national d'Amsterdam, Ahmad vit depuis neuf mois aux Pays-Bas où il se perfectionne et participe à la vie de la troupe.
"Je me sens coupable d'être heureux", lance-t-il, avant d'expliquer qu'il envoie tout ce qu'il gagne en Syrie, où vit toujours sa mère. Il espère la faire venir en France.
Son rêve est plus que jamais de retourner dans son pays et d'y "aider les gens", à la manière de l'actrice Angelina Jolie dont il admire l'engagement humanitaire.
Et pourquoi pas, de créer un ballet national syrien, pour continuer à faire vivre sa passion.
A LIRE AUSSI.
A 96 ans, la ballerine cubaine Alicia Alonso danse "dans sa tête"
Laurent Hilaire, un Français à la tête du ballet Stanislavski
L'offensive de Kader Belarbi pour "démystifier" le ballet
"Kalakuta Republik": l'Afrique et la révolution en dansant
Elle rêvait d'être styliste, elle se retrouve veuve de jihadistes en Syrie
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.