A deux jours du marqueur symbolique des six mois de mandat, Donald Trump a exprimé son exaspération face au blocage de la réforme du système de santé par des sénateurs de son parti, alors qu'en janvier dernier, la Maison Blanche tablait sur une adoption rapide, peut-être dès janvier ou février, comme symbole du retour au pouvoir du parti républicain.
"Tous les démocrates nous ont laissés tomber et quelques républicains. La plupart des républicains ont été loyaux, formidables et ont travaillé très dur. Nous serons de retour!", a écrit Donald Trump sur Twitter. Il a dénoncé l'obstruction des démocrates, bien que la loi ait été "tuée" par des membres de son camp.
Le projet de réforme républicain ne visait pas à abroger entièrement la loi démocrate sur la couverture maladie de 2010, qui en sept ans est devenue une loi relativement populaire, au fur et à mesure que des millions de personnes en bénéficiaient.
L'architecture alors créée était plus ou moins conservée par le plan républicain afin d'éviter que des millions d'Américains ayant eu accès aux soins grâce à Obamacare ne se retrouvent soudainement sans assurance. Mais des coupes importantes dans le budget de la santé étaient néanmoins prévues, tout comme la suppression de protections pour les assurés.
Ce plan d'abrogation et de remplacement simultané n'a finalement plu ni aux ultra-conservateurs, qui dénonçaient un "Obamacare light", ni aux républicains modérés, qui s'inquiétaient d'un retour en arrière trop brusque. Il a été enterré lundi soir après l'officialisation de l'opposition de quatre sénateurs républicains, ce qui empêchait mathématiquement le texte de recueillir les 50 voix, sur 100, requises.
Flou stratégique
Le plan B, annoncé lundi soir par Mitch McConnell, le chef de la majorité sénatoriale, consistera donc à voter sur une abrogation simple d'éléments centraux d'Obamacare, notamment l'obligation individuelle de s'assurer et les aides financières aux ménages les plus modestes, à l'issue d'une période de transition de deux ans. Le Congrès aurait alors ces deux années pour élaborer une hypothétique réforme de remplacement.
L'astuce est que les sénateurs ont déjà voté en faveur de cette abrogation pure, en 2015... mais à l'époque, le président s'appelait Barack Obama, et les républicains pouvaient se permettre ce geste symbolique en sachant pertinemment que le démocrate mettrait son veto. Cette fois, en revanche, M. Trump promulguerait la loi, ce qui aurait des conséquences bien réelles pour les Américains.
Quelque 18 millions de personnes se retrouveraient sans couverture maladie dans l'année suivant l'abrogation, a estimé le Bureau du budget du Congrès.
En outre, le marché des assurances privées serait immédiatement plongé dans l'incertitude, sans savoir ce que le Congrès concocterait pour la suite. Sans compter que les élections législatives de novembre 2018 pourraient rebattre les cartes et faire basculer la majorité parlementaire.
Les modérés républicains pourraient donc prendre la lourde décision de voter contre ce plan B, donnant le coup de grâce à un engagement républicain vieux de sept ans.
Déjà, au moins deux ont annoncé leur opposition, Susan Collins et Shelley Moore Capito. "Je ne suis pas venue à Washington pour faire du mal aux gens", a déclaré cette dernière.
Aucune date n'a été fixée pour ce vote.
"Nous avons une promesse à tenir", a lancé une énième fois mardi Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants.
Quoiqu'il arrive, la saga Obamacare illustre les dysfonctionnements de la relation entre la Maison Blanche et le Congrès. Le milliardaire républicain a souvent fait pression publiquement sur les parlementaires pour obtenir une victoire, quelle qu'elle soit, mais sans s'investir dans les détails de la réforme.
C'est encore ce qu'il a fait mardi, en promettant un futur "superbe projet sur la santé". "Restez à l'écoute!" a-t-il écrit.
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