Le chef de l'Etat avait pris cette mesure exceptionnelle le 23 mai, peu après que des combattants se réclamant du groupe Etat islamique (EI) ne prennent le contrôle de quartiers entiers de Marawi, plus grande ville musulmane d'un pays majoritairement catholique.
La loi martiale est en vigueur sur l'ensemble de la région de Mindanao, peuplée de deux millions d'habitants.
La constitution autorise le chef de l'Etat à imposer cette mesure pendant 60 jours, ce qui lui permet "d'utiliser les forces armées pour empêcher ou mettre un terme à des violences illégales, à une invasion ou à une rébellion".
Au-delà, le président peut prolonger la loi martiale pendant une période qui doit être décidée par le Congrès.
Rien ne permet d'espérer une fin rapide des combats à Marawi, et le président a informé les parlementaires de sa volonté de maintenir la loi martiale jusqu'à la fin de l'année.
"J'en suis arrivé à la conclusion que la rébellion à Mindanao, qui m'a amené à proclamer (la loi martiale), ne sera pas complètement étouffée le 22 juillet", a déclaré le président dans une lettre aux leaders du Congrès qu'il a rencontrés lundi soir.
Le Congrès se réunira samedi pour en discuter, selon le porte-parole de M. Duterte Ernesto Abella.
60 à 80 combattants
"Ce n'est pas seulement un pas en arrière, mais plusieurs pas en arrière pour notre démocratie", a déclaré le parlementaire de l'opposition Edcel Lagman, qui a qualifié d'illégale la requête présidentielle.
M. Lagman a mis en garde contre le risque pour le pays d'être à nouveau, 30 ans après la chute de la dictature Marcos, le théâtre d'excès de la part de l'armée et d'une répression politique.
La loi martiale permet notamment aux forces de sécurité d'arrêter des suspects pendant trois jours sans autorisation du pouvoir judiciaire.
M. Duterte a le contrôle du Parlement, et le président de la Chambre des représentants Pantaleon Alvarez a estimé que rien ne s'opposait selon lui à la prolongation.
En mai, le président avait justifié cette mesure exceptionnelle par la nécessité d'empêcher les jihadistes, parmi lesquels se trouvent des étrangers, d'instaurer dans l'achipel un "califat".
"Il a aussi fait part de son inquiétude d'une contagion terroriste à Mindanao, et au reste du pays", a déclaré à l'AFP le sénateur Sherwin Gatchalian, qui a assisté à la réunion de lundi.
M. Duterte a assuré aux parlementaires que 600 bâtiments étaient encore piégés ou tenus par les jihadistes, a indiqué son collègue Joseph Victor Ejercito.
Le sénateur de l'opposition Francis Pangilinan a estimé de son côté que la loi martiale était une "mesure extraordinaire et temporaire" et que toute prolongation ne devrait pas être de plus de 60 jours. Il a ajouté qu'elle devrait être limitée aux zones musulmanes de Mindanao.
Le parlementaire comme l'ex-président Fidel Ramos, un ancien soutien de M. Duterte devenu un de ses détracteurs, mettent en garde contre l'impact négatif sur les investissements étrangers aux Philippines.
"La loi martiale était nécessaire au début mais toute prolongation doit être étudiée très soigneusement", a déclaré M. Ramos aux journalistes.
Epaulée par l'artillerie et l'aviation, appuyée par des militaires américains, l'armée philippine lutte maison par maison pour reprendre le contrôle sur le terrain. Elle a affirmé cette semaine que 60 à 80 combattants islamistes restaient terrés dans une zone d'un kilomètre carré.
Des parlementaires de l'opposition avaient saisi la Cour suprême pour lui demander de rejeter la loi martiale à cause de "l'absence complète de justifications factuelles" à son établissement, dressant des parallèles avec le règne militaire de l'ancien dictateur Ferdinand Marcos.
Mais la majorité des juges de la haute juridiction ont rejeté il y a deux semaines ce recours, sans expliquer leur décision.
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