"Nous sommes plutôt impressionnés par la nouvelle énergie et l'optimisme que nous avons perçus au sein du gouvernement et auprès de nos interlocuteurs", a salué Christian Mumssen, le chef de mission du Fonds monétaire international à Paris lors d'une conférence de presse au terme de l'évaluation annuelle de l'économie française.
Ce soutien "au programme ambitieux" du gouvernement tombe à point pour M. Macron et son Premier ministre Edouard Philippe, qui s'apprêtent à réformer le droit du travail par ordonnance et sont en pleine polémique sur la réduction drastique de la dépense publique, notamment dans le secteur de la défense.
Le gouvernement a annoncé des économies de 4,5 milliards d'euros dès cette année, jugées "réalistes" par le FMI, qui devraient permettre à la France de passer sous la barre des 3% de déficit et pourraient "fortement contribuer à résoudre les défis économiques auxquels la France se heurte de longue date", a insisté M. Mumssen.
Son ton contraste fortement avec les inquiétudes exprimées lors de la réunion de printemps du FMI en avril dernier à Washington, quand les participants craignaient encore une victoire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle.
Des éloges plutôt rares de la part de l'institution dirigée par la Française Christine Lagarde, pour ne pas dire inédites à l'égard de l'Hexagone, qui était régulièrement appelé ces dernières années à réduire la dépense publique et à lancer de profondes réformes structurelles.
M. Mumssen l'a lui-même admis en rappelant que la France n'avait pas réduit les dépenses pendant longtemps. "Au contraire, c'est l'inverse qui s'est produit", a-t-il affirmé.
Le dirigeant du FMI s'est défendu de tout soutien politique à M. Macron. S'il a admis que son évaluation pouvait être interprétée comme "un soutien relatif", il s'est empressé d'ajouter qu'elle se basait sur le programme économique du gouvernement.
"Notre évaluation porte sur la stratégie économique. Il ne s'agit pas d'une décision tactique", a-t-il déclaré.
De bonnes raisons d'applaudir
M. Mumssen a d'autant plus de raisons d'applaudir les mesures annoncées par le gouvernement français qu'il s'est, selon lui, largement inspiré d'un document publié l'année passée par le FMI sur l'efficacité de la dépense publique en France.
"Toutes les idées y sont", s'est félicité le responsable du Fonds, qui a appelé les autorités françaises à ne pas tarder à mettre en place ses mesures d'économies.
"Pour que la stratégie soit crédible, de profondes réformes s'imposent à tous les niveaux des administrations publiques", a-t-il déclaré, convaincu que cet effort est "nécessaire dès maintenant".
"Nous ne pensons pas que la stratégie puisse fonctionner sans s'attaquer au problème de la dépense publique", a-t-il souligné, reconnaissant toutefois que les coupes budgétaires ne pourront pas épargner les dépenses sociales.
"Nous savons que ce n'est pas facile", a-t-il reconnu, citant comme unique exemple le secteur du logement. "La France dépense beaucoup d'argent dans ce domaine et ce n'est pas très bien ciblé", a-t-il précisé.
L'institution financière a également apporté son soutien à la réforme du marché du travail, qu'elle juge "vaste et ambitieuse".
"Elle cherche à améliorer la flexibilité au niveau des entreprises, à réformer l'assurance-chômage et à renforcer les dispositifs d'apprentissage et de formation professionnelle", a estimé le Fonds, pour qui cette réforme "devrait aller de pair avec le maintien de la modération salariale".
Quant aux réformes projetées dans les domaines de la fiscalité des entreprises, des revenus du capital et du travail, elles "devraient stimuler l'investissement et la croissance de l'emploi", affirme le FMI.
La "Macronmania" du FMI a pourtant ses limites. L'institution financière n'a que très légèrement relevé sa prévision de croissance pour la France cette année de 1,4 à 1,5%.
Et elle ne prévoit pour l'instant que 0,2 point de plus de croissance pour l'année prochaine, attendant de voir M. Macron à l'oeuvre avant d'aller plus loin.
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