La course, qui a observé lundi sa seconde pause dans la verte campagne de la Haute-Loire, répond aux attentes. Par son indécision et, côté français, l'éventualité de voir un coureur, Romain Bardet, succéder au palmarès à Bernard Hinault 32 ans après.
Avantage Froome
Le Britannique, maillot jaune pendant neuf jours (série en cours), occupe une position privilégiée. Au chrono, puisqu'il aborde la 16e étape, théoriquement favorable aux sprinteurs mardi à Romans-sur-Isère, avec un avantage sur ses rivaux. Mais aussi psychologiquement, en raison de la supériorité collective manifestée par son équipe Sky.
"Je suis incroyablement reconnaissant à mes équipiers", a insisté Froome lundi, au lendemain de l'alerte (incident mécanique) sur la route du Puy-en-Velay. "Leur homogénéité est impressionnante. D'une certaine façon, c'est parfois décourageant", a confirmé Bardet.
Interrogé sur son rival le plus dangereux, l'Anglais, bien plus accroché cette année que lors de ses trois premiers succès (2013, 2015, 2016), a esquivé: "Chacun présente une menace." Il a affirmé surtout vouloir prendre une marge supplémentaire avant le contre-la-montre de Marseille prévu samedi à la veille de l'arrivée: "Sinon, je ne dormirai pas sur mes deux oreilles..."
Incontestable favori, le vainqueur sortant a laissé apparaître des défauts. S'il affiche une grande maîtrise et désormais une science de la course qu'il était loin de posséder à ses débuts, il a plafonné à La Planche des Belles Filles et a calé franchement dans les 300 derniers mètres de Peyragudes. Soit les deux premières arrivées au sommet du Tour 2017. La troisième et dernière ? Jeudi, au sommet de l'Izoard.
Sa première mini-défaillance est-elle le signe d'un déclin relatif ou un simple jour sans ? Pour sa défense, Froome argue qu'il a connu un mauvais jour dans les Pyrénées.
Tous les vainqueurs l'ont dit un jour ou l'autre, on passe par des hauts et des bas en trois semaines. "Si c'était le cas, il a bien limité la casse", relève Bardet. Mais, dans l'autre hypothèse, le Britannique pourrait se retrouver en difficulté, mercredi, dès le Galibier, le col le plus dur -par ses pentes et sa longueur- d'ici Paris.
Un trio en poursuite
Les trois suivants de Froome ont tous déjà gagné une étape de montagne. Le champion d'Italie Fabio Aru (à La Planche des Belles Filles), Romain Bardet (à Peyragudes), le Colombien Rigoberto Uran (à Chambéry), ont toutes les raisons de se féliciter de leur parcours.
Il leur reste à conclure. Le maillot jaune ? Le podium ? La quatrième place ? Ou plus loin encore, pour peu que l'Irlandais Dan Martin (5e à 1 min 12 sec) parvienne, par son obstination, à grignoter encore quelques poignées de secondes ou que l'Espagnol Mikel Landa (6e) bénéficie lui aussi de la puissance collective de la Sky.
Deuxième à 18 secondes, Aru a pour lui ses qualités de grimpeur et son sens de l'attaque. Mais, son équipe Astana, dramatiquement affaiblie par les abandons de deux coureurs importants (Cataldo et surtout Fuglsang), est incapable de le soutenir efficacement.
Bardet, troisième à 23 secondes, porte les espoirs de tout un pays frustré de victoire dans le Tour depuis le siècle dernier. La Bardetmania commence à se répandre tant le jeune champion de Brioude (26 ans) incarne la promesse d'un cyclisme épuré, renouvelé, enthousiasmant.
"Ca se jouera à l'Izoard", annonce le grimpeur de l'équipe AG2R La Mondiale qui mise sur l'accumulation des efforts dans les deux étapes alpestres pour faire, s'il le peut, la différence. Ce n'est que jeudi soir, après avoir franchi le dernier col, qu'il se projettera sur le contre-la-montre de Marseille, ses 22,5 kilomètres à l'avantage théorique de Froome.
A moins que... Uran redevienne rouleur. En 2014, le Colombien avait dominé le contre-la-montre du Giro. Transfiguré pour sa seconde année de contrat dans l'équipe Cannondale, Uran est un client difficile à cerner. "Une énigme", dit de lui un proche de Bardet. Une de plus dans ce Tour incertain, riche en surprises, encore indéchiffrable à six jours de l'arrivée sur les Champs-Elysées.
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