Cible de toutes les critiques: la plateforme informatique d'admission post-bac (APB). Quelques jours après les résultats définitifs du bac, 86.969 lycéens étaient toujours sans affectation ou sur liste d'attente après avoir formulé leurs voeux sur cette plateforme, selon des chiffres du ministère publiés vendredi.
Parmi les cas recensés, des jeunes ayant obtenu le bac avec mention étaient toujours sans affectation ou contraints de renoncer à leurs premiers voeux.
"C'est un énorme gâchis", a reconnu lundi la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal sur France Inter, en affirmant son "objectif" de voir entrer d'ici quelque semaines à l'université tous les bacheliers qui le souhaitent.
Dans ce contexte, la ministre a insisté sur la nécessité d'une réforme rapide face à une démographie étudiante en pleine croissance. "On a trop tardé, on est aujourd'hui face à une situation injuste et qui n'a aucun sens", a-t-elle estimé, jugeant "absolument pas normal" que l'orientation de lycéens dépende d'un système informatique ou d'un tirage au sort.
Depuis deux ans, les facs françaises doivent accueillir chaque année quelque 40.000 étudiants supplémentaires, une hausse qui devrait perdurer jusqu'en 2022.
Cette année, se sont également ajoutés aux néo-bacheliers les étudiants en réorientation, mis sur un pied d'égalité par rapport aux jeunes ayant obtenu leur bac. "C'est 150.000 étudiants supplémentaires qui ont été mis dans le système APB", ce qui a "encore amplifié le gâchis", a détaillé la ministre.
"L'objectif est de gérer au mieux la rentrée de septembre et de transformer le système pour la rentrée de l'année prochaine", a résumé le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner sur FranceInfo.
Prérequis" ou sélection ?
Le premier round de discussions qui débute lundi après-midi vise à trouver des solutions pour réduire l'échec à l'université (seulement 40% d'étudiants bouclent leur licence en trois ou quatre années) et à mettre fin au tirage au sort à l'entrée, un système "injuste et qui démotive les élèves", selon Christophe Castaner.
La sélection étant interdite en France pour l'entrée à l'université, lorsque la demande dépasse les capacités d'accueil dans une filière, les élèves sont en effet admis par tirage au sort. Ce système sera "fini en 2018", a réaffirmé Mme Vidal.
Le gouvernement souhaite notamment instaurer des "prérequis" dans le cadre de "contrats de réussite étudiante".
Dans une lettre adressée fin juin aux présidents d'université, Frédérique Vidal soulignait que ce contrat de réussite reposera sur "les souhaits exprimés par les futurs étudiants", "les exigences propres à chaque cursus diplômant" et "les capacités d'accueil des formations".
"Il faut qu'on soit en capacité de donner une réelle information aux étudiants, y compris sur leur probabilité de réussir", a estimé la ministre lundi matin.
Reste à définir ces "prérequis", qui "peuvent cacher le meilleur comme le pire", selon Jimmy Losfeld, président de la Fage, premier syndicat étudiant. "Ce n'est pas à l'université d'imposer un choix à un lycéen", a-t-il estimé à l'AFP.
Pour l'Unef, l'autre grand syndicat étudiant, "derrière les mots +prérequis+ ou +contrat de réussite+ se cache une sélection déguisée".
La Conférence des présidents d'université (CPU), elle, se prononce clairement en faveur de "prérequis". Par exemple, l'obligation d'avoir fait de la biologie au lycée pour s'inscrire en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), une filière engorgée qui a refusé cette année près de la moitié des postulants (via le tirage au sort puisque la sélection sur dossier est interdite).
Après le premier round de concertation ce mois-ci, d'autres rencontres devraient intervenir en septembre et octobre, avec pour but un accord fin octobre.
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