Attendu à Budapest dès lundi soir, dans la foulée de son voyage en France, Benjamin Netanyahu rencontrera son homologue à partir de mardi pour la première visite d'un dirigeant israélien en Hongrie depuis la chute du communisme en 1989.
Mercredi, les Premiers ministres tchèque, slovaque et polonais se joindront aux rencontres dans la capitale hongroise, présentant au Premier ministre israélien un front de pays unis contre la politique d'immigration de l'Union européenne et bien disposés envers le président américain Donald Trump, comme l'est Benjamin Netanyahu.
Ce dernier peut s'attendre à trouver "une oreille favorable" auprès de ces gouvernements d'Europe de l'est "plutôt homogènes dans leur opposition aux flux migratoires et leur peur de l'extrémisme islamiste", relève Raphael Vago, spécialiste de cette région à l'université de Tel Aviv, interrogé par l'AFP.
La visite de Benjamin Netanyahu en Hongrie a été précédée d'une vive polémique avec la communauté juive de ce pays, forte d'environ 100.000 personnes, l'une des plus importantes d'Europe.
Cette dernière a reproché au gouvernement de droite conservatrice de Viktor Orban d'attiser l'antisémitisme avec le nouveau volet de sa campagne contre George Soros, américain d'origine juive hongroise, dont le visage mi-rieur, mi-grimaçant a été placardé pendant quinze jours dans tout le pays, pour dénoncer son action supposée en faveur de l'immigration.
"La visite de Benjamin Netanyahu peut aider Orban car elle donne du crédit à ses dénégations selon lesquelles la campagne contre Soros n'est pas antisémite", explique l'analyste politique hongrois Csaba Toth à l'AFP.
Viktor Orban a désigné l'homme d'affaires comme le principal ennemi de la Hongrie et lancé depuis le début de l'année une série d'actions et de messages visant à le discréditer. Soros promeut, aux yeux de ses supporters, une société libérale et progressiste en soutenant de nombreuses ONG tandis qu'il est considéré par ses opposants comme un agitateur cherchant à déstabiliser des gouvernements à coups de milliards.
"Tolérance zéro"
Les deux mandats de Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, ont été émaillés de plusieurs épisodes de défiance avec la communauté juive alors que le débat reste vif sur la responsabilité nationale dans la disparition de près de 600.000 juifs hongrois durant la Seconde guerre mondiale.
Fin juin, la Premier ministre avait suscité une autre controverse en faisant l'éloge, pour son action après la Première Guerre mondiale, de Miklos Horthy, dirigeant hongrois allié des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Depuis 2010, le parti de Viktor Orban s'est vu reprocher de multiplier, notamment à travers l'érection de statues, les marques de réhabilitation de Horthy, célébré pour avoir récupéré des territoires perdus par la Hongrie en 1920.
L'opposition dénonce une stratégie visant à séduire les électeurs du parti d'extrême droite Jobbik, principal adversaire du pouvoir.
En 2014, la plus importante organisation juive du pays avait boycotté la commémoration des 70 ans de l'Holocauste, jugeant qu'elle exonérait trop la Hongrie de sa propre responsabilité dans la déportation des juifs hongrois.
Budapest a toujours brandi sa "tolérance zéro" vis à vis de l'antisémitisme. "Aucun gouvernement n'a autant fait pour la lutte contre l'antisémitisme en Hongrie", s'est encore défendu l'exécutif cette semaine.
La campagne anti Soros veut attirer l'attention sur le "milliardaire spéculateur" et les ONG qu'il soutient avec pour objectif d'"installer un million de migrants" en Hongrie et dans l'Union européenne, explique le gouvernement.
Des voix se sont élevées en Israël pour appeler le Premier ministre à annuler sa visite en Hongrie, l'ambassadeur d'Israël à Budapest déplorant "les tristes souvenirs mais aussi la haine et la peur" de cette campagne.
Mais la guerre de Viktor Orban contre George Soros ne laisse pas insensible le pouvoir israélien qui reproche au milliardaire de financer des ONG de défense des droits de l'homme critiquant l'occupation israélienne des territoires palestiniens: George Soros "discrédite les gouvernements élus démocratiquement en Israël en finançant des organisations qui diffament l'Etat juif et lui nient le droit de se défendre", a réagi Jérusalem, tout en déplorant "toute sorte d'antisémitisme".
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