Présenté comme un acte de "désobéissance civile", ce vote, qui se déroulera sans l'aval des autorités, a pour but de manifester le rejet par la population de la future Assemblée constituante, selon l'opposition.
"Tout est prêt. Demain (dimanche), non seulement notre pays rejettera la Constituante, mais il exigera également un changement de régime, la sortie de la dictature et le lancement de la transition avec un gouvernement d'union nationale", a déclaré à l'AFP Maria Corina Machado, une élue de l'opposition.
Selon l'institut de sondages Datanalisis, près de 70% des Vénézuéliens sont opposés à la Constituante et 80% dénoncent la gestion par M. Maduro d'un pays en partie paralysé et traumatisé par trois mois et demi de manifestations au cours desquelles 95 personnes ont été tuées.
Le même jour, le gouvernement a invité les citoyens à venir tester les machines de vote qui seront mises en place le 30 juillet.
L'Assemblée constituante voulue par le président Maduro, et dont les 545 membres seront élus ce jour-là, aura pour mission de modifier la Constitution en vigueur pour assurer, selon lui, la stabilité politique et économique du Venezuela.
"Nous allons à la Constituante pour sauver la patrie", a déclaré M. Maduro samedi.
Ce projet est fermement rejeté par les antichavistes - du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013 - qui y voient un moyen de contourner l'Assemblée nationale, où l'opposition est majoritaire depuis 2016.
En signe de contestation, ceux-ci ont donc organisé leur consultation populaire symbolique dans 2.000 bureaux de vote à travers le pays.
"J'en ai marre, je suis fatiguée de ne pas trouver de nourriture, de médicaments, mon salaire ne suffit pas. Nous luttons pour le pays que nous voulons", a déclaré à l'AFP une infirmière de 29 ans, préférant rester anonyme.
La crise politique survient sur fond de chute depuis 2014 des cours du pétrole qui frappe de plein fouet l'économie, dont 95% des devises proviennent de l'exportation de l'or noir.
D'anciens présidents observateurs
Dans la journée de samedi cinq anciens présidents latino-américains sont arrivés à Caracas pour assister à la consultation de l'opposition en tant qu'"observateurs internationaux", selon le terme utilisé par Mme Machado.
A son arrivée, le Mexicain Vicente Fox a jugé que la consultation de l'opposition marquait le début "du chemin vers la fin" du gouvernement Maduro qui "doit comprendre que personne n'en veut et qu'il ne peut pas continuer à détruire l'économie" du Venezuela. M. Fox est accompagné des anciens présidents colombien Andres Pastrana, costariciens Laura Chinchilla et Miguel Angel Rodriguez et bolivien Jorge Quiroga.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exprimé vendredi sa préoccupation. "Il y a un besoin urgent d'un dialogue national au Venezuela entre le gouvernement et l'opposition", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Au même moment, le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) a publié des chiffres de demandes d'asile déposées par des Vénézuéliens: elles se sont envolées ces derniers mois, avec 52.000 demandes enregistrées depuis janvier, soit plus du double de celles recensées l'an dernier.
Détecteur de mensonges
Pour la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), la consultation populaire de dimanche sera le "détonateur" de la dernière phase de la mobilisation qui vise à forcer Nicolas Maduro à quitter le pouvoir. Elle n'écarte pas non plus la possibilité d'appeler à la grève générale.
Le camp gouvernemental a toutefois laissé entrevoir des fêlures, avec les prises de position critiques de la procureure générale Luisa Ortega, une chaviste entrée en dissidence et menacée d'un procès qui pourrait conduire à sa destitution.
La Cour suprême, réputée proche de l'exécutif, était chargée de décider cette semaine si elle allait ou non juger Mme Ortega pour "faute grave", mais elle n'a pas tranché. En revanche, les juges l'ont convoquée pour qu'elle se soumette à un détecteur de mensonges.
"Je n'ai absolument pas peur de me soumettre au détecteur de mensonges, mais je ne peux le faire si le test est supervisé par la Cour suprême, qui est illégitime et dont je ne reconnais pas les prérogatives", leur a répondu Luisa Ortega dans une vidéo diffusée sur Twitter.
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