"Ils ont pris la décision de se mettre à l'écart", a annoncé le président régional Carles Puigdemont sans donner d'explication.
Les tensions vont crescendo entre la région de 7,5 millions d'habitants dirigée par des indépendantistes et le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy à moins de 80 jours du référendum. Mais elles sont aussi internes à l'approche du scrutin.
Carles Puigdemont a annoncé le départ de la porte-parole du gouvernement Neus Muté et des deux ministres régionaux Jordi Jané (Intérieur) et Meritxell Ruiz (Education), en première ligne pour l'organisation du scrutin.
L'annonce intervient alors qu'au début du mois M. Puigdemont avait limogé un autre membre du gouvernement régional qui avait exprimé des doutes sur la viabilité du referendum interdit par Madrid.
"L'Etat a tant de force qu'il est probable que nous ne puissions pas organiser le référendum", avait déclaré ce responsable, Jordi Baiget.
Les menaces du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy se sont en effet multipliées à l'encontre des fonctionnaires qui accepteraient de participer à l'organisation du scrutin et des entreprises qui fourniraient la logistique.
Sur eux pèsent l'épée de Damoclès de poursuites pénales, d'interdictions d'exercer des fonctions publiques, voire de coûteuses amendes.
Crise de confiance
Les trois responsables seront remplacés dans la journée.
Jordi Turull, un membre du parti conservateur et indépendantiste PDeCat loyal à Carles Puigdemont, assumera le rôle de porte-parole.
Depuis plusieurs jours, la presse catalane et madrilène faisait de gros titres sur la crise ouverte au sein du gouvernement catalan, son vice-président Oriol Junqueras exigeant que les décisions soient prises de manière collective en vue du référendum, afin d'assurer l'union face à ces menaces judiciaires.
Il a refusé d'assumer seul la responsabilité et semble avoir eu gain de cause.
Désormais, "les décisions se prendront de manière corresponsable et solidaire", a annoncé Oriol Junqueras lors de la même conférence de presse.
Le président régional a une nouvelle fois promis vendredi que son gouvernement déclarerait l'indépendance si le oui l'emportait lors du référendum, même si la Cour constitutionelle espagnole estimait qu'il n'est pas légal.
En cas d'échec, il a confirmé qu'il en tirerait les conséquences et convoquerait de nouvelles élections régionales.
"Nous ne voyons pas comment un Etat démocratique peut éviter que des millions de personnes qui veulent voter puissent le faire", a déclaré Carles Puigdemont.
Le gouvernement régional n'a pas encore engagé d'entreprises pour la fourniture des urnes. Il n'a pas en principe de recensement électoral.
A quelque 80 jours du scrutin qui n'a pas encore été formellement convoqué, Barcelone livre peu de détails sur l'organisation, qui serait plannifiée par un groupe réduit de personnes pour éviter les fuites.
De son côté le gouvernement de Mariano Rajoy répète comme un mantra que le référendum n'aura pas lieu, sans non plus révéler les moyens qu'il emploiera pour éviter que les bureaux de vote en Catalogne ouvrent le 1er octobre, et assure que ses adversaires sont de plus en plus fragilisés.
"Une fois de plus, la nervosité de ceux qui savent que ce processus ne va nulle part est tangible", a déclaré vendredi un porte-parole du Parti populaire de Mariano Rajoy vendredi, Fernando Martinez-Maillo.
La société catalane est profondément divisée : 48,5% des Catalans sont contre la sécession, 44,3% pour, selon un récent sondage d'un institut dépendant du gouvernement catalan.
Mais une très large majorité, plus de 70%, aimerait trancher la question par un référendum.
En Espagne, outre les indépendantistes, seul le parti de gauche radicale Podemos est favorable à un référendum d'autodétermination en Catalogne, même s'il ne souhaite pas le départ de cette riche région représentant près de 20% du PIB avec une langue et une culture propres.
Face à l'indépendantisme croissant dans la région depuis le début des années 2010, le Parti socialiste, le deuxième parti espagnol, souhaite de son côté une réforme constitutionnelle qui accorderait de nouvelles compétences à la région.
En Espagne les 17 régions disposent déjà d'une très large autonomie, mais de manière inégale. Ainsi, le Pays basque et la Navarre ont la possibilité de prélever directement l'impôt, ce qui n'est pas le cas de la Catalogne.
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