Il y a un an, l'ancien gouvernement se félicitait du "très net rétablissement" des comptes des régimes de retraite, jugeant inutile tout recul de l'âge de départ.
Jeudi, en revanche, ni le Premier ministre Edouard Philippe, ni la ministre des Solidarités Agnès Buzyn ne sont venus commenter auprès des journalistes le quatrième avis que venait de leur remettre le comité de suivi des retraites.
Celui-ci les a invités à prendre les "mesures nécessaires" pour "ramener le système sur une trajectoire d'équilibre", formulant ainsi sa première recommandation depuis sa création en 2014.
Prenant acte, Matignon a seulement précisé dans un communiqué que le gouvernement "informera(it) le Parlement" des suites à donner dans "le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018", attendu pour l'automne.
Il a rappelé que le gouvernement engagerait "la rénovation du système de retraite pour le rendre plus juste et plus transparent", via un régime universel, "tout en préservant les équilibres financiers".
Pendant sa campagne, Emmanuel Macron avait assuré que le problème des retraites n'était plus "financier", promettant de ne pas toucher à l'âge légal de départ ou au niveau des pensions.
Mais c'était sans compter sur la révision à la baisse des hypothèses de croissance ou sur l'actualisation des données démographiques de l'Insee, avec l'abaissement du solde migratoire annuel (qui entraîne une moindre part de cotisants et une dégradation du solde des régimes à moyen terme), et l'allongement de l'espérance de vie des hommes (synonyme de dégradation à long terme).
Le comité de suivi s'alarme aussi des "effets, fréquemment sous-estimés, de la politique salariale de la fonction publique (comme le gel du point d'indice, ndlr) sur la retraite des fonctionnaires et les ressources de l'ensemble du système".
Sous-indexation des pensions?
Ainsi, selon les dernières projections du Conseil d'orientation des retraites, sur lesquelles s'appuie le comité, en 2021, le déficit du système serait de -0,4% de PIB, en dégradation par rapport à ses prévisions précédentes (-0,2% de PIB en 2020).
Le retour à l'équilibre, jusqu'alors envisageable au milieu des années 2020, n'interviendra pas au mieux avant le début des années 2040, en supposant une croissance des revenus d'activité d'1,8% et un taux de chômage à 7%. Les déficits seraient même "durables en dessous d'un taux de croissance de la productivité de 1,5%", rappelle le comité de suivi.
Il propose dès lors plusieurs pistes d'économies, dans le cadre de la réforme annoncée, prévue sur une période de dix ans, mais aussi à court terme, "dès les premières années de législature".
Par exemple, la sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation "permettrait des économies assez rapides". Pas sûr, cependant, que cette réforme soit bien acceptée par les retraités qui, après plusieurs années de gel de leurs pensions, devront subir une augmentation de la CSG, comme le concède le comité.
"Il n'y a pas d'urgence", a tempéré Yannick Moreau, la présidente du comité, soulignant que la situation n'était "pas dramatique".
Côté fonction publique, le maintien de certains "avantages particuliers" n'est "pas nécessairement justifié", suggère le comité, se montrant toutefois peu convaincu des bienfaits économiques d'une suppression des catégories actives (fonctionnaires présents sur le terrain tels que les policiers, qui peuvent partir plus tôt).
A moyen ou long terme, l'allongement de l'espérance de vie pourrait par ailleurs "justifier" un recul de l'âge de départ à la retraite, estime le comité. Pas d'urgence cependant, "d'autant" qu'une telle mesure peut "avoir des effets transitoires sensibles sur le taux de chômage".
Reste à voir ce que décidera le gouvernement. Début juillet, le collectif des Economistes atterrés avait dénoncé les "visions catastrophistes" du COR, l'accusant de plaider "de facto pour plus d'austérité".
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