Ancien cimetière, école ou encore foyer pour nourrir les pauvres du quartier Martainville à Rouen (Seine-Maritime), l'aître Saint-Maclou a rempli bien des fonctions au cours des siècles. Mais ce site qui compte parmi les plus visités de la ville cache encore de nombreux secrets, notamment en ce qui concerne l'année et les raisons de sa création. Selon toute vraisemblance, l'aïtre aurait été fondé pour ensevelir les victimes de la grande épidémie de peste noire de 1348. Mais des doutes subsistent à cause de documents attestant de la consécration du cimetière près de dix ans plus tard...
Des dizaines de squelettes sortis de terre
C'est en partie pour démêler ce mystère que deux chercheuses de l'Université de Caen (Calvados) se sont lancées dans des fouilles archéologiques au coeur même de l'aître, à proximité du calvaire. "Après un premier diagnostic en 2016, j'ai demandé l'autorisation à la Métropole de Rouen et au ministère de la Culture pour intervenir plus longtemps", retrace Aminte Thomann.
Depuis le lundi 3 juillet 2017 et pour cinq semaines, une douzaine d'étudiants en archéologie se relaient donc à coups de pioches, de pelles et de pinceaux pour libérer un par un les squelettes de la terre. Sur un espace d'environ douze mètres par trois et près de 90 centimètres de profondeur, une quarantaine de squelettes complets ont déjà été excavés. Mais le but est d'atteindre près de trois mètres de profondeur pour atteindre les restes qui dateraient du XIVe siècle.
Des analyses pointues
"Avec des analyses poussées, on pourrait retrouver de l'ADN fossilisé de la peste noire dans les dents, ce qui permettrait de prouver le rôle de l'épidémie sur la création de l'aître", explique Aminte Thomann. Mais ces restes humains ont bien d'autres secrets à révéler selon sa collègue Céline Chapelain de Seréville-Niel : "Les sources écrites ont souvent un parti pris... Avec ces corps, on peut faire des analyses très poussées et objectives pour comprendre les métiers qu'ils faisaient, ce qu'ils mangeaient et même analyser leurs rites funéraires."
Une fois extraits de la terre avec beaucoup de minutie, les ossements de chaque corps sont regroupés et envoyés à l'Inrap, à Grand-Quevilly, où ils sont nettoyés. Ils seront ensuite envoyés dans différents laboratoires pour être analysés. Ce n'est qu'après ce long processus d'enquête que ces corps pourraient, enfin, révéler le secret de la création de l'aître Saint-Maclou.
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